Vendredi 15 juillet 2011
On se réveille (hélas toujours) à Naples et on décide de mettre à profit notre dernière matinée dans ce purgatoire pour visiter un musée. J’étais franchement sceptique (il peut y avoir des choses intéressantes à Naples ? Vraiment ?) mais je dois admettre mon erreur. Le musée manque de moyens mais sa collection déchire. Je n’imaginais pas y trouver la célébrissime mosaïque géante d’Alexandre le Grand, celle qui illustre tous nos livres d’histoire de 6e. On commence par le très érotique Cabinet Secret (évidemment…) où un Pan pas farouche agresse sexuellement une chèvre : après avoir été muré, le Cabinet Secret offre aujourd’hui une visite express dans un lupanar antique. Le Kamasutra indien à côté, c’est de la blague. On poursuit avec les mosaïques de Pompéi, dont le hilarant crâne humain que la série Rome avait adopté pour son générique (et qui est devenu instantanément notre fond d’écran d’iPhone). On achève enfin la visite sur la collection Farnèse de sculptures antiques, où Marion s’extasie sur les fesses ultra musclées d’un Hercules (ouais, genre tu photographiais les pommes des jardins des Hespérides, qu’il tenait dans son dos !).
On retourne au B&B de Rafaele avant de traverser à nouveau toute la ville (on est maso, oui, c’est officiel) à la recherche d’un coin « vert » pour déjeuner. On trouve enfin un parc, perché sur la colline qui surplombe la baie de Naples. Un peu d’oxygène, le temps de se faire agresser par des pigeons affamés et il est déjà temps de quitter Naples. Direction : Pompéi.
Tout dans Naples est épique : et même quitter la ville relève du défi. On traverse le quartier « louche » cerclant le centro storico (selon la définition même du Lonely Planet) pour arriver suintantes à Garibaldi. Il y a une foule incompréhensible dans le Circumvesuviano (tout le monde va à Pompéi ou quoi ??). Le Circumvesuviano est un genre de RER local, mais bien plus poétique (même le nom, empruntant au latin est poétique) puisqu’il effectue quotidiennement un demi cercle autour du Vésuve. Si on regarde par les fenêtres on voit continuellement le majestueux volcan qui domine le paysage. C’est le moment de flipper un coup : le Circum est coincé entre le Vésuve et la mer. En cas de Pompéi II on n’a aucune chance : Vésuve 1 – Touristes 0. Mais bon, lors de notre premier trajet en Circum (et il y en aura beaucoup), on ne se pose pas ces questions existentielles. On se demande plutôt si on pourra encore marcher normalement après avoir passé 45 minutes debout, aplaties contre une fenêtre grasse de poussière et autres-choses-dont-je-ne-veux-pas-connaître-l’origine, avec une valise entre les jambes, et plein d’italiens surexcités autour de soi. Même partir de Naples est souffrance.
Dans le Circum on rencontre aussi la jeune Napolitaine, le pendant féminin du jeune Napolitain. 1m65 pour ses 100 bons kilos, un legging (le thermomètre affiche plus de 40°, what the fuck ?) et une tunique fluo moulante, des piercings ostentatoires et une morphologie inadaptée à la tenue vestimentaire (ou vice versa). Elle hurle sur son copain maigrelet, et lui balance son portable à la tête en cas de désaccord conjugal. A ses côtés je suis un ange tout droit envoyé des cieux. Que ceux qui me jetaient la pierre, la reprennent.
L’arrivée au camping ZEUS (on ne dira rien pour le nom grec, alors que le camping se situe à 50m de l’entrée d’une ville 100% romaine) est presque orgasmique. Oxygène, chênes immenses, ciel bleu et espace vital autour de nous. Petite déception : une chambre deluxe sans pression dans la douche. Mais on ne va pas chipoter.
La journée se termine sur un diner à la terrasse vide d’un restaurant, sous les murailles entourant Pompéi. Il n’y a pas une seule âme : les touristes ne viennent que pour la journée, et nous sommes bien les seules à faire ce pèlerinage de plusieurs jours à Pompéi. Peu importe ! Je kiff déjà.
Samedi 16 juillet 2011
La nuit est terrible : on crève de chaud et on est dévorés par les moustiques. Impossible de déclencher la clim de la nuit entière, on vient donc se plaindre à la réception de bonne heure. L’italien se fout de nous ouvertement : la clim ne se déclenche pas si la fenêtre n’est pas hermétiquement fermée… Bande de rats !
Crevées, on décide de zapper Pompéi et opter pour Amalfi. Notre camping Zeus allait de toute façon nous servir de base pour le reste du séjour et la visite de la côte amalfitaine. On embarque donc à nouveau sur le Circumvesuviano puis un bus magique. Longeant la côte, ce bus découvre un à un les joyaux de la côte : des montages magnifiques, une mer limpide et brillante et des dizaines de petites maisons blanches agglutinées entre la mer et la falaise. La côte amalfitaine est vraiment une merveille d’harmonie entre l’homme et la nature.
A Amalfi on se shoote au limoncello (sous prétexte de le goûter, pour choisir le meilleur à offrir à nos ancêtres) et on flâne sur la jetée en attendant un bateau qui nous amènerait vers le deuxième joyau de la côte: Positano, traversé plus tôt en bus. On se fait draguer par une bande de fou, séduits par notre conner… euh charme naturel !
Sauvées des griffes de ce groupe des plus perturbants (j’ai la phobie des fous, et alors ?) par le cri « POSITANO », on embarque. Le petit bateau nous fait profiter de l’air marin et nous fait découvrir Positano vue d’en bas. On est toutes petites devant ces centaines de maisons en escalier qui dominent la baie. On se sent un peu Merry et Gandalf, qui découvrent Minas Tirith dans le SDA.
La ville est magique, toute en escaliers, petites échoppes, vues fantastiques et contrastes colorés (le ciel se fond avec la mer, les lilas poussent autour des maisons blanches). C’est aussi l’occasion pour moi de me racheter des Havainas, et comme un vent australien souffle tout à coup à Positano.
Le retour vers Pompéi se fait encore en bus, et le chauffeur se prend visiblement pour un conducteur de bolide. On reste debout et on s’accroche, pour éviter de passer par les fenêtres et donc accidentellement finir dans le ravin et/ou la mer, quelques 300m plus bas. Certains ont le cœur moins bien accroché que d’autres et finissent par vomir. Miam.
A 21h40 nous sommes toujours en serviettes sur le lit, à rigoler. Trop la flemme de s’habiller, trop la flemme d’aller diner. Mais notre honneur est sauf : l’apéro a été pris à 16h49 à coup de Rossini et de Lemon Fizz à Positano. Le soleil brûlant et l’alcool nous ont achevé à 17h. La vita est dolce sur la côte Almafitaine.
Dimanche 17 juillet 2011
Levées aux aurores pour visiter Pompéi, on y passe très exactement 6h et trente minutes ! En plein cagnard, avec une foule multinationale de touristes aux basques, parmi des ruines. Je n’ai définitivement pas la bonne panoplie touristique : je n’ai que mes Havainas (et je me tords les chevilles sur les pavés), je n’ai pas de couvre chef (hormis mon sarong indonésien) et au lieu de la crème solaire j’ai de l’huile bronzante. Mais qu’importe ! Pompéi restera l’un des meilleurs moments de tout le voyage.
Il y a peu de choses comparables à la découverte de Pompéi au petit matin. Il faut pouvoir gravir la colline sur laquelle s’étale la ville antique avant l’arrivée des cars de touristes. En arrivant sur le Forum encore vide de visiteurs, on est soufflé par l’immensité de la ville, dominée par le Vésuve. Il faut bien peu d’imagination pour revenir plus de deux mille ans en arrière et sentir la vie bouillonner dans la cité, avant qu’elle ne soit complètement recouverte par les cendres.
Nous arpentons les ruines, carte à la main, avant d’être rejointe par plusieurs centaines de touristes. Une visite au Lupanar s’impose, ainsi que les célébrissimes Cave Canem (je ne peux m’empêcher de penser à : « Moi en latin je ne sais dire que Cave Canem ». « Ouais… ça veut dire « attention au chien ». Allez pas lui dire ça, il va pas comprendre ») et autres Villas des Mystères. Partout des fresques, des mosaïques et une sensation d’intemporel. Le temps s’est figé dans cette cité à tout jamais.
Les chiens errants policent la ville à chaque instant. Ils nous suivent dans les moindres recoins, nous montrent le chemin dans le labyrinthe des rues. Apparemment on peut même les adopter. Après Susu le chat en Indonésie, j’adopterai bien une de ces boules de poils. Mais pas certaine qu’elle kifferait le reste du voyage à nos côtés.
En sortant de la ville antique pour visiter les terres environnantes on découvre un superbe banc en marbre. Marion m’oblige à une petite séance photo. Quelques mètres plus bas, on se fie à nos guides pour avoir des précisions sur l’endroit : « Vous remarquerez la très belle tombe de Machine, en forme d’anneau de marbre, à la sortie de la ville ». Oops… Tomb raiders malgré nous !
Il n’y a guères d’anecdotes pour ce dimanche car loin de galérer, pour une fois, nous avons pleinement profité de la journée à Pompéi. Cependant, la nuit venue, la faim nous tiraille. On essaye de s’aventurer vers la Pompéi moderne, située à quelques deux kilomètres de notre camping et du site archéologique. Les rues sont désertes et les routes fréquentées par des automobilistes aux méthodes de séduction plus que douteuses. Quelques coups de klaxons et remarques désobligeantes suffisent pour faire péter mes gonds. « Go fuck yourself ! » me semble une réponse adéquate à la situation. Malgré quelques visages surpris, la majorité des Italiens rigolent. Je ne suis qu’une pauvre petite blonde inoffensive, apparemment. La soirée se termine dans un restaurant désert, aux abords de la ville, où je déverse ma colère sur ma pauvre interlocutrice : « Non mais c’est dans leur culture… » est un argument qui ne convainc pas. Où est passé mon ténébreux florentin et ses délicieux gelati ? Où est passé le raffinement florentin ? Où est passée la gentillesse des Italiens d’Ombrie ?
Le sud de l’Italie n’est qu’un vaste cliché. Naples. Les Italiens. Leurs manières. Je hais tout ça d’un bloc et promet de ne jamais y revenir. Je suis trop caractérielle pour être prise pour un vulgaire morceau de viande sur un bas côté. Non, merci. Aurevoir.
dimanche 11 décembre 2011
mercredi 30 novembre 2011
Overdose de Gelati & Dolce Vita (part 2)
Mardi 12 juillet 2011
Dans la matinée, Mario (le vrai, l’italien) nous amène en voiture faire un tour à Pérouse, puisque depuis hier nous arpentons l’Ombrie, région de Saint François, et accessoirement l’un des endroits les plus chauds d’Italie (au sens littéral, hélas). Il y fait tellement chaud que nos têtes girano très vite (chaleur + petit déjeuner ultra copieux + conduite effrénée entre Deruta et Pérouse). On s’est quand même raffraichis dans la ville souterraine de Pérouse et le puits étrusque. Interesting.
De retour à la maison, la nonna Maria nous prépare un repas (un gavage plutôt non ? Je me suis un peu sentie à la place des pauvres oies, à la veille de Noël ou de la Thanksgiving) d’un niveau que mêmes mes orgies alimentaires de sydney-sider n’ont jamais atteint.
Au menu :
- Prosciutto e melone. C’est rigolo la veille ce même plat m’avait fait office d’entrée, plat et dessert ! Par temps de grande chaleur je ne peux ingurgiter que de l’eau, et à la rigueur quelques rares aliments (genre du gelato par exemple). Mais je ne m’attendais pas à ce que la corne d’abondance m’explose entre les mains à ce déjeuner ! Car voici ce qui a suivi :
- Tagliatelli : des pâtes, encore du jambon, tout très copieux (car selon les standards italiens je dois être à la limite de l’anorexie donc il faut me nourrir. Que dire alors de Marion, éternelle refusée des dons de sang, hein ?)
- Un rôti de porc
- Une salade de tomates
- Des dolce
- Des fruits
- Un café
A ce moment précis de la journée j’étais quelque part entre le coma post-orgiaque et un sommeil profond. Dieu merci, le limoncello a brûlé cet excès de calories dans mon corps et m’a permis d’envisager une hypothétique survie pour le restant de mon séjour à Deruta.
Marion et Maria ont donc migré vers la chambre à coucher où elles se sont adonnées à une sieste (la chaleur + les repas italiens démesurés nous ont forcé à abandonner l’idée de faire quoi que ce soit d’autre que dormir/écrire des notes de voyage de 14h à 17h).
La fin d’après-midi est consacrée à un pèlerinage : « sur les traces de Saint François ». On se fait une basilique, ou deux (il y fait frais !). Pendant que nous explorons les trésors d’Assise, Mario se tape la discute avec un Frère Fransicain (je kiff leurs tenues très folklo, cordelette à la ceinture et bure austère). La basilique de St François d’Assise est pour le coup vraiment très belle, et majestueuse. Je fais dix fois le tour, toujours aussi impressionnée de découvrir des lieux longtemps étudiés. Et dire qu’il m’a fallut partir à plus de 16 000 km de la France pour qu’une chercheuse australienne me fasse découvrir ces merveilles.
La journée se termine sur la découverte culinaire du siècle : ma première pizza (sans fromage). Maria, cet ange (malgré nos prénoms communs, je ne partage hélas pas son art de la bonne cuisine). J’ai même droit à une pizza aux pommes de terre. Oui, oui, féculent sur féculent. De quoi rajouter un ou deux kilos en plus sur ma balance déjà bien chargée. En même temps, espérer perdre les excès australiens au pays même de la bouffe, c’était plus qu’illusoire… Je refuse néanmoins de toucher au Magnum (aux amandes) qu’on me propose. Je ne peux endosser qu’un pécher capital par vie et le mien n’est pas la gourmandise.
Mais je ne clôturerai pas cette journée sans la question ENA du voyage. Marion possédant dans ses réserves des mots fléchés plus tordus les uns que les autres, on a eu droit à quelques beaux fous-rires. On retiendra, les « AUTOURS » pour les oiseaux de proie. En lisant la solution j’ai hurlé de rire, jusqu’à ce que le Larousse iPhone ne m’en bouche un coin : autours, oiseaux de proie selon la nomenclature française. RAPACE correspondait aussi en nombre de lettres… non ? Bon, tant pis.
Mercredi 13 juillet 2011
La matinée est consacrée à une visite tranquille du cœur historique de Deruta, la cité de la céramique. Il y en a partout, sur les devantures des magasins, dans les cours des maisons, sur les bancs et les tables publiques, et même sur les poubelles !! C’est un peu flippant mais en même temps très joli, propret. Le genre de lieu où jamais un touriste ne mettrait les pieds, et c’est ce qui rend l’endroit charmant.
On déjeune chez Renato et Rosa (dans cette famille ils ne se marient que si leurs initiales correspondent), les parents (je ne sais plus à quel degré) de Mario et Maria. Ils sont tout aussi accueillants et continuent à nous nourrir comme si Armaggeddon était pour demain !
La suite de journée retrouve les couleurs animées de notre voyage, après cette petite retraite I’Ombri-esque. Les inscriptions pédagogiques de Pipo étant ce mercredi 13 à 14h, ça sentait fort la galère ! Et galère ce fut. Le seul cybercafé de Pérouse était précisément fermé entre 13h et 15h. Or, pour qui connaît Pipo sait que les inscriptions pédagogiques se déroulent de 14h à 14h02 : deux minutes de stress intense, d’actualisations frénétiques et de pleurs. Impossible donc d’attendre 15h, à moins d’accepter un S1 de master invivable (du genre avec cours tous les jours à 8h du mat, le vendredi de 19h15 à 21h15 et autres joyeusetés). Et surtout, un bus devait nous amener à Napoli à 14h30.
J’ai donc du expliquer mon désastre à Mario, en un italien plus que chancelant, qui lui même a négocié dur avec l’italiana pour qu’elle laisse son cyber ouvert. Ce qu’elle fit, à notre plus grand soulagement.
J’ai frénétiquement attendu l’heure fatidique, pendant que Mario et Mario guettaient le bus. Puis ce fut course poursuite dans les rues de Pérouse (on avait fait le chemin la veille avec Mario pour me chronométrer… C’est qu’on est efficaces !), dans les escaliers tortueux, à deux doigts de renverser des mamies innocentes. Tout ça pour monter (à l’heure) dans un bus qui allait nous conduire, Marion et moi, vers la destination la plus improbable du monde.
Adieu Deruta, adieu Ombrie et bonjour NAPOLI (Naples pour les non italianophones).
Dans le bus on mange, on dors, on mange, on écoute de la musique, on mange à une station service…
L’arrivée à Naples est pittoresque (soyons sympa, j’aurais encore plusieurs jours pour me plaindre). La ville est moche, sale, bruyante. On nous largue en plein milieu d’une place géante, en travaux, où les voitures circulent dans tous les sens. On dirait la Paillade qu’on aurait transposé au Liban après la guerre et qu’on aurait ensuite relooké en mode « Indonésie ». Pas très charmant, quoi ! Nous sommes en petites robes légères, épaules et jambes nues, tirant des valises derrière nous. Le trottoir c’est presque Bali à sa plus belle heure. Nos pas nous conduisent via di Tribunali : on pénètre dans le centro storico de Naples. C’est le choc culturel, une baffe géante. Des immeubles hauts, élégants, parfois un peu penchés, débordants de suie et de saleté. Un chemin de Traverse qu’on aurait oublié de nettoyer pendant un millénaire (ou deux). Les scooters zigzaguent entre nous en klaxonant, les enfants crient, les ordures trainent (photos à l’appui !!) et les mecs torses nus nous observent. C’est le souk, c’est Bagdad, c’est l’enfer !
On se réfugie dans notre Bed & Breakfast qui traîne dans ce chaos grouillant. Rafaele, l’architecte trans (selon sa propre définition de lui même) nous accueille dans ce petit coin de paradis. Il nous rassure : Naples ne craint pas du tout (ouais… si tu le dis, mec !). On est des princesses sales, mal peignées, fatiguées ; mais des princesses quand même dans cette chambre décorée avec les peintures de la Villa dei Misteri de Pompéi.
La nuit venue, on s’aventure dehors, pour cueillir quelques denrées à manger. La queue interminable devant la célèbre pizzaria italienne nous décourage (j’aime pas les pizza de toute façon) et on se rabat sur une petite trattoria. Je veux désespérément des moules (j’en vois dans l’assiette de mon voisin) mais je ne sais pas comment ça se dit en italien… Je mange donc des pâtes (Naples m’intimide).
Au retour, nous voilà bloquées. La grille qui donne sur notre cour intérieure refuse de s’ouvrir. On passe cinq bonnes minutes à forcer, avant de comprendre que notre portail se trouve 10m plus haut dans la rue. LOL. Tout Naples doit rire de nous (car oui, ici, tout se sait !). On finit la journée par le mélodieux et gracieux « Elle va se taire la grosse ?? » de Marion, adressé à une Napolitaine qui s’obstine à gueuler à son balcon.
Mamma mia !!
Jeudi 14 juillet
16h : Après une…
« Finalement on a geeké ». Je ne sais pas trop ce qui s’est passé dans mes notes mais je semble avoir abandonné la volonté d’écrire à 16h.
0h46 : Naples me rend folle !!! En concentré, on retiendra :
• Que le centro storico de Naples est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO (on peut aussi déclasser des monuments, non ?)
• Que le MADRE (musée d’art contemporain) n’est trouvable qu’après 10 impasses. On est quelque part à mi chemin entre un labyrinthe géant, une course d’obstacles composé de poubelles éventrées et de linge pendu aux fenêtres, où on tente de survivre en évitant les motos effrénées. C’est pas drôle.
• Qu’il y à Naples plus d’églises et de cathédrales que de Napolitains (il faut bien que toute cette mafia aille racheter son âme quelque part. Ah pardon, Rafaele, c’est vrai j’oubliais, c’est « cliché »).
• Que le prince de Sansevro était fou (il n’y a qu’à voir ses « squelettes » précieusement conservés dans une « chapelle »).
• Que tout travail mérite salaire (manger + sieste + clim dans notre mini-suite paradisiaque après une matinée affreuse).
• Que le lungomare est le lieu de prédilection du jeune napolitain.
Un petit arrêt sur image : le jeune Napolitain. Il crache dans le bus (à deux centimètres de mes sandales impeccables, b…), se tatoue, hèle les passants de sa voix fluette, n’a que 11 ans. Il reste assis, se plait à ricaner en italien sans se douter que les deux pigeonnes touristes à ses côtés ont des rudiments d’italien. Mais le jeune Napolitain, aussi excédant soit-il, doit survivre dans le centro storico. Et rien que pour cela, on le pardonne.
• Qu’on ne peut manger des pizze (pluriel de pizza, en italien) senza formaggio en matant X-Men et se saoulant au Schweppes pour oublier la dureté de Naples, après l’élégance et le raffinement de Florence.
• Qu’on ne saura jamais si le tintamarre dans la rue à minuit était une célébration outre-alpine du 14 juillet, un affrontement de la Camorra, le début de la troisième guerre mondiale ou simplement l’œuvre du jeune napolitain qui s’essayait aux pétards.
Après ces sentiments, un peu de faits : on a en réalité arpenté TOUT le centro storico, pris un tramway très louche qui nous a largué en plein milieu d’une rue déserte qu’on a du remonter pendant une heure (véridique) pour arriver au bord de mer. Au passage, un pervers m’a attrapé par la main et a failli la perdre en même temps. On a flâné, admiré le Golfe de Naples et essayé de se prendre en photo avec le Vésuve (échec, on ne voyait hélas que nos têtes). On a traîné dans des jardins, avant de revenir vers le centro storico. On est enfin tombées sur un Indien à moitié à poil, qui ne parlait que anglais et qui d’une voix terrorisée nous a demandé son chemin, avant de nous mettre en garde : il a été agressé, il ne faut jamais traîner dans Naples, surtout quand on est des filles. Euuh… merci mec, comme si je n’étais pas déjà folle amoureuse de cette ville. Aie, aie, aie, on part quand déjà ? Pas tout de suite ? Bouhou.
Dans la matinée, Mario (le vrai, l’italien) nous amène en voiture faire un tour à Pérouse, puisque depuis hier nous arpentons l’Ombrie, région de Saint François, et accessoirement l’un des endroits les plus chauds d’Italie (au sens littéral, hélas). Il y fait tellement chaud que nos têtes girano très vite (chaleur + petit déjeuner ultra copieux + conduite effrénée entre Deruta et Pérouse). On s’est quand même raffraichis dans la ville souterraine de Pérouse et le puits étrusque. Interesting.
De retour à la maison, la nonna Maria nous prépare un repas (un gavage plutôt non ? Je me suis un peu sentie à la place des pauvres oies, à la veille de Noël ou de la Thanksgiving) d’un niveau que mêmes mes orgies alimentaires de sydney-sider n’ont jamais atteint.
Au menu :
- Prosciutto e melone. C’est rigolo la veille ce même plat m’avait fait office d’entrée, plat et dessert ! Par temps de grande chaleur je ne peux ingurgiter que de l’eau, et à la rigueur quelques rares aliments (genre du gelato par exemple). Mais je ne m’attendais pas à ce que la corne d’abondance m’explose entre les mains à ce déjeuner ! Car voici ce qui a suivi :
- Tagliatelli : des pâtes, encore du jambon, tout très copieux (car selon les standards italiens je dois être à la limite de l’anorexie donc il faut me nourrir. Que dire alors de Marion, éternelle refusée des dons de sang, hein ?)
- Un rôti de porc
- Une salade de tomates
- Des dolce
- Des fruits
- Un café
A ce moment précis de la journée j’étais quelque part entre le coma post-orgiaque et un sommeil profond. Dieu merci, le limoncello a brûlé cet excès de calories dans mon corps et m’a permis d’envisager une hypothétique survie pour le restant de mon séjour à Deruta.
Marion et Maria ont donc migré vers la chambre à coucher où elles se sont adonnées à une sieste (la chaleur + les repas italiens démesurés nous ont forcé à abandonner l’idée de faire quoi que ce soit d’autre que dormir/écrire des notes de voyage de 14h à 17h).
La fin d’après-midi est consacrée à un pèlerinage : « sur les traces de Saint François ». On se fait une basilique, ou deux (il y fait frais !). Pendant que nous explorons les trésors d’Assise, Mario se tape la discute avec un Frère Fransicain (je kiff leurs tenues très folklo, cordelette à la ceinture et bure austère). La basilique de St François d’Assise est pour le coup vraiment très belle, et majestueuse. Je fais dix fois le tour, toujours aussi impressionnée de découvrir des lieux longtemps étudiés. Et dire qu’il m’a fallut partir à plus de 16 000 km de la France pour qu’une chercheuse australienne me fasse découvrir ces merveilles.
La journée se termine sur la découverte culinaire du siècle : ma première pizza (sans fromage). Maria, cet ange (malgré nos prénoms communs, je ne partage hélas pas son art de la bonne cuisine). J’ai même droit à une pizza aux pommes de terre. Oui, oui, féculent sur féculent. De quoi rajouter un ou deux kilos en plus sur ma balance déjà bien chargée. En même temps, espérer perdre les excès australiens au pays même de la bouffe, c’était plus qu’illusoire… Je refuse néanmoins de toucher au Magnum (aux amandes) qu’on me propose. Je ne peux endosser qu’un pécher capital par vie et le mien n’est pas la gourmandise.
Mais je ne clôturerai pas cette journée sans la question ENA du voyage. Marion possédant dans ses réserves des mots fléchés plus tordus les uns que les autres, on a eu droit à quelques beaux fous-rires. On retiendra, les « AUTOURS » pour les oiseaux de proie. En lisant la solution j’ai hurlé de rire, jusqu’à ce que le Larousse iPhone ne m’en bouche un coin : autours, oiseaux de proie selon la nomenclature française. RAPACE correspondait aussi en nombre de lettres… non ? Bon, tant pis.
Mercredi 13 juillet 2011
La matinée est consacrée à une visite tranquille du cœur historique de Deruta, la cité de la céramique. Il y en a partout, sur les devantures des magasins, dans les cours des maisons, sur les bancs et les tables publiques, et même sur les poubelles !! C’est un peu flippant mais en même temps très joli, propret. Le genre de lieu où jamais un touriste ne mettrait les pieds, et c’est ce qui rend l’endroit charmant.
On déjeune chez Renato et Rosa (dans cette famille ils ne se marient que si leurs initiales correspondent), les parents (je ne sais plus à quel degré) de Mario et Maria. Ils sont tout aussi accueillants et continuent à nous nourrir comme si Armaggeddon était pour demain !
La suite de journée retrouve les couleurs animées de notre voyage, après cette petite retraite I’Ombri-esque. Les inscriptions pédagogiques de Pipo étant ce mercredi 13 à 14h, ça sentait fort la galère ! Et galère ce fut. Le seul cybercafé de Pérouse était précisément fermé entre 13h et 15h. Or, pour qui connaît Pipo sait que les inscriptions pédagogiques se déroulent de 14h à 14h02 : deux minutes de stress intense, d’actualisations frénétiques et de pleurs. Impossible donc d’attendre 15h, à moins d’accepter un S1 de master invivable (du genre avec cours tous les jours à 8h du mat, le vendredi de 19h15 à 21h15 et autres joyeusetés). Et surtout, un bus devait nous amener à Napoli à 14h30.
J’ai donc du expliquer mon désastre à Mario, en un italien plus que chancelant, qui lui même a négocié dur avec l’italiana pour qu’elle laisse son cyber ouvert. Ce qu’elle fit, à notre plus grand soulagement.
J’ai frénétiquement attendu l’heure fatidique, pendant que Mario et Mario guettaient le bus. Puis ce fut course poursuite dans les rues de Pérouse (on avait fait le chemin la veille avec Mario pour me chronométrer… C’est qu’on est efficaces !), dans les escaliers tortueux, à deux doigts de renverser des mamies innocentes. Tout ça pour monter (à l’heure) dans un bus qui allait nous conduire, Marion et moi, vers la destination la plus improbable du monde.
Adieu Deruta, adieu Ombrie et bonjour NAPOLI (Naples pour les non italianophones).
Dans le bus on mange, on dors, on mange, on écoute de la musique, on mange à une station service…
L’arrivée à Naples est pittoresque (soyons sympa, j’aurais encore plusieurs jours pour me plaindre). La ville est moche, sale, bruyante. On nous largue en plein milieu d’une place géante, en travaux, où les voitures circulent dans tous les sens. On dirait la Paillade qu’on aurait transposé au Liban après la guerre et qu’on aurait ensuite relooké en mode « Indonésie ». Pas très charmant, quoi ! Nous sommes en petites robes légères, épaules et jambes nues, tirant des valises derrière nous. Le trottoir c’est presque Bali à sa plus belle heure. Nos pas nous conduisent via di Tribunali : on pénètre dans le centro storico de Naples. C’est le choc culturel, une baffe géante. Des immeubles hauts, élégants, parfois un peu penchés, débordants de suie et de saleté. Un chemin de Traverse qu’on aurait oublié de nettoyer pendant un millénaire (ou deux). Les scooters zigzaguent entre nous en klaxonant, les enfants crient, les ordures trainent (photos à l’appui !!) et les mecs torses nus nous observent. C’est le souk, c’est Bagdad, c’est l’enfer !
On se réfugie dans notre Bed & Breakfast qui traîne dans ce chaos grouillant. Rafaele, l’architecte trans (selon sa propre définition de lui même) nous accueille dans ce petit coin de paradis. Il nous rassure : Naples ne craint pas du tout (ouais… si tu le dis, mec !). On est des princesses sales, mal peignées, fatiguées ; mais des princesses quand même dans cette chambre décorée avec les peintures de la Villa dei Misteri de Pompéi.
La nuit venue, on s’aventure dehors, pour cueillir quelques denrées à manger. La queue interminable devant la célèbre pizzaria italienne nous décourage (j’aime pas les pizza de toute façon) et on se rabat sur une petite trattoria. Je veux désespérément des moules (j’en vois dans l’assiette de mon voisin) mais je ne sais pas comment ça se dit en italien… Je mange donc des pâtes (Naples m’intimide).
Au retour, nous voilà bloquées. La grille qui donne sur notre cour intérieure refuse de s’ouvrir. On passe cinq bonnes minutes à forcer, avant de comprendre que notre portail se trouve 10m plus haut dans la rue. LOL. Tout Naples doit rire de nous (car oui, ici, tout se sait !). On finit la journée par le mélodieux et gracieux « Elle va se taire la grosse ?? » de Marion, adressé à une Napolitaine qui s’obstine à gueuler à son balcon.
Mamma mia !!
Jeudi 14 juillet
16h : Après une…
« Finalement on a geeké ». Je ne sais pas trop ce qui s’est passé dans mes notes mais je semble avoir abandonné la volonté d’écrire à 16h.
0h46 : Naples me rend folle !!! En concentré, on retiendra :
• Que le centro storico de Naples est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO (on peut aussi déclasser des monuments, non ?)
• Que le MADRE (musée d’art contemporain) n’est trouvable qu’après 10 impasses. On est quelque part à mi chemin entre un labyrinthe géant, une course d’obstacles composé de poubelles éventrées et de linge pendu aux fenêtres, où on tente de survivre en évitant les motos effrénées. C’est pas drôle.
• Qu’il y à Naples plus d’églises et de cathédrales que de Napolitains (il faut bien que toute cette mafia aille racheter son âme quelque part. Ah pardon, Rafaele, c’est vrai j’oubliais, c’est « cliché »).
• Que le prince de Sansevro était fou (il n’y a qu’à voir ses « squelettes » précieusement conservés dans une « chapelle »).
• Que tout travail mérite salaire (manger + sieste + clim dans notre mini-suite paradisiaque après une matinée affreuse).
• Que le lungomare est le lieu de prédilection du jeune napolitain.
Un petit arrêt sur image : le jeune Napolitain. Il crache dans le bus (à deux centimètres de mes sandales impeccables, b…), se tatoue, hèle les passants de sa voix fluette, n’a que 11 ans. Il reste assis, se plait à ricaner en italien sans se douter que les deux pigeonnes touristes à ses côtés ont des rudiments d’italien. Mais le jeune Napolitain, aussi excédant soit-il, doit survivre dans le centro storico. Et rien que pour cela, on le pardonne.
• Qu’on ne peut manger des pizze (pluriel de pizza, en italien) senza formaggio en matant X-Men et se saoulant au Schweppes pour oublier la dureté de Naples, après l’élégance et le raffinement de Florence.
• Qu’on ne saura jamais si le tintamarre dans la rue à minuit était une célébration outre-alpine du 14 juillet, un affrontement de la Camorra, le début de la troisième guerre mondiale ou simplement l’œuvre du jeune napolitain qui s’essayait aux pétards.
Après ces sentiments, un peu de faits : on a en réalité arpenté TOUT le centro storico, pris un tramway très louche qui nous a largué en plein milieu d’une rue déserte qu’on a du remonter pendant une heure (véridique) pour arriver au bord de mer. Au passage, un pervers m’a attrapé par la main et a failli la perdre en même temps. On a flâné, admiré le Golfe de Naples et essayé de se prendre en photo avec le Vésuve (échec, on ne voyait hélas que nos têtes). On a traîné dans des jardins, avant de revenir vers le centro storico. On est enfin tombées sur un Indien à moitié à poil, qui ne parlait que anglais et qui d’une voix terrorisée nous a demandé son chemin, avant de nous mettre en garde : il a été agressé, il ne faut jamais traîner dans Naples, surtout quand on est des filles. Euuh… merci mec, comme si je n’étais pas déjà folle amoureuse de cette ville. Aie, aie, aie, on part quand déjà ? Pas tout de suite ? Bouhou.
lundi 14 novembre 2011
Overdose de Gelati & Dolce Vita (part 1)
Ok je suis grave en retard, mais bon... Pour toi mon Mario
Vendredi 8 juillet :
11h : Marion et moi sommes en pleins préparatifs pour notre « trip » italien. Deux semaines à manger des pâtes et des pizzas, se dorer la pilule, faire nos intellos dans les galeries et les musées. Par préparatifs j’entends : Marion qui court partout dans son appart pour rassembler les dernières affaires, arroser les plantes, nourrir le fauve (Berg, c’est de toi que je parle)… Et moi qui joue à la secrétaire en menant de front : entg, boîte mail, et téléphone. Sciences Po est composé quand même de crétins… Pourquoi dois-je traduire et actualiser mon CV (ainsi que lui trouver une photo), sans mon ordinateur, le jour de mon départ de vacances, pour une rentrée qui se fait le… 1er septembre ??!
16h43 : On a tourné en rond un peu Porte Maillot, on s’est pris la flotte à Beauvais mais on est finalement dans l’avion. Encore un p… d’avion. Ce n’est pas que je ne kiff pas l’avion. Mais bon après les terres australes, je commence à abhorrer l’avion.
23h : ça y est on a été à Pise. On a goûté aux joies des valises dans les bus, les ruelles italiennes. On a kiffé le B&B où on se sert soi même du Coca en déposant un euro dans une tirelire en forme de cochon. On a kiffé la tour de Pise, la Piazza dei Miracoli (ouais je me la pète j’écris en VO, mais bon faut bien que mon italien me serve à quelque chose…), les pâtes napo et le Coca (on va se calmer par contre parce que l’Australie est passée par là et ça fait mal !). On a moins kiffé la découverte de nouvelles valises dans la chambre à notre arrivée (« tu crois que c’est des filles ? » « nan ça c’est clairement un sac de mec » « oui mais là c’est une valise de fille » « un couple alors ? Oh putain on a prit le lit double et on leur a laissé les deux petits lits. Si c’est un couple ils vont nous détester » « euh… on s’en fout non ? »).
Pas d’eau chaude non plus. Haha Indonésie te revoilà (oui parce que dans notre chambre il y a le truc le plus improbable du monde : une photo de Borobudur, celui là même autour duquel j’ai tourné en rond avec une ribambelle de gosses derrière moi, à Java, il y a genre 7 mois). « Au moins ça resserre les pores » dixit Marion. Ah ben oui, là ça resserre tout ce que tu veux…
Samedi 9 juillet 2010 (raturé et transformé en 2011) : je ne sais plus la date
17h35 : SIESTE. On a littéralement pas fermé l’œil de la nuit. A peine couchées hier, deux Californiens sont entrés par effraction dans notre chambre. Ils venaient chercher de l’alcool… LOL. Si on veut sortir ? Euh non les mecs on est en pyj, on dort. Mais nos aventures ne se sont pas arrêtées là : revenus à 3h du mat, nos nouveaux potes se sont mis à ronfler… Roba da matti !! (en VF : un truc de ouf). Et en plus ils nous mettent le réveil à 5h35. Je pensais sincèrement qu’on finirait par les étouffer avec leurs oreillers.
Malgré cet échec notoire de notre première nuit, on visite Pise comme il se doit puis on traîne nos basques jusqu’à la gare qui nous emmène vers Florence. On a un emploi du temps chargé, pas le temps de traîner.
Tourist House à Florence, un concept particulier : on pénètre dans un appart florentin : cuisine, salon, salle à manger, chambres. Le tout dans un état douteux et peuplé de jeunes errants le regard vide, et de vieux un peu bidonants. Hum. Pas le temps de flipper, la meuf de l’accueil nous pompe l’air avec sa nouvelle impôt obligeant les touristes à payer plus cher (ah ouais ? comme par hasard le décret date du 7 juillet ? Tu te fous de nous, nan ? Allez avoue). La sieste est un impératif après tant de stress.
Je-ne-sais-plus-quelle-heure-on-est-parce-que-Marion-m’a-fait-boire-des-Margaritas : on est finalement ressorties en fin d’aprem pour prendre des photos, glander sur le ponte Vecchio et manger des glaces (l’homme de ma vie, un beau brun italien bredouillant en français me donne une glace au chocolat à me faire doubler de volume un peu partout). Marion m’incite à boire (et pourtant elle sait que si il y a bien un truc que je n’ai pas pris de chez mes compatriotes c’est la résistance aux margaritas) et je la saoule tout le soir durant. Bien fait !
Dimanche 10 juillet 2011
J’écrirai tout à postériori à présent, plus le temps de noter nos aventures au fur et à mesure.
On bat tous les records de la patience pour accéder au Saint Graal florentin : les Uffizi. Giotto, je te jure que deux heures d’attente sous le cagnard c’est pour toi ! On se fait une visite bien touristique de Florence avant de tenter l’impossible : monter sur les hauteurs de Florence pour voir le coucher du soleil sur toute la ville. On se traîne (ça a de vagues relents de Kawah Ijen, Java, là où Rémi et Clément avaient failli m’enterrer) et en plus on se gourre de chemin, patates !
On admire le paysage, on prend des photos, on mange (une constante du voyage !). On ne ressortira pas le soir mais on ne dormira pas pour autant : bruit de voitures assourdissants et moustiques tenaces.
On retiendra de Florence la déco mémorable de la chambre que j’ai dessiné mais peux difficilement refaire sur un document word : un assemblage géant de montres en plastiques surdimensionnées…
De Florence je retiendrai aussi un esprit insaisissable de balades au couchant, de jeunes gens dessinant des statues à chaque coin de rue, de chaleur un peu oppressante, la lenteur de l’Arno serpentant à travers la ville. Il y fait bon vivre.
Lundi 11 juillet 2011
20h26 : j’écris de Deruta, un bled paumé de 9000 âmes, en Ombrie. Mario et Maria (putain je viens juste de me rendre compte en rédigeant mes notes, Marion : tu te rends compte qu’on a été accueillis par MARIO et MARIA ???). Ils sont vraiment des amours mais mettent sérieusement à mal mon italien plus que chancelant. Quand on ne connaît que le présent en italien comment expliquer qu’on A HABITE à Sydney et qu’on HABITERA à Paris l’an prochain ? En VF ça donnait quelque chose du genre : « Je habite à Sydney an dernier. Mais j’habite à Paris, septembre ». Huhu ils ont du bien se marrer. Moi j’avais envie de pleurer.
Mais revenons sur la journée. On profite encore un peu de Florence en se baladant à Santa Croce. Après en avoir parlé en long, large et en travers à mes cours d’histoire de l’art, je fais dix fois le tour de la basilique histoire de ne rien louper. C’est quand même mythique.
Puis on prend le train pour aller à Deruta. Et là tenez vous, on a droit à la meilleure blague de l’année ! Pas de clim dans le train. Sauf que dehors il fait plus de 40 degrés à l’ombre et les fenêtres du train ne s’ouvrent pas… Nous restons assises, d’abord rigolant doucement, puis de plus en plus effrayées. C’est qu’il y a quand même plus d’une heure de route… Peu à peu on réduit nos mouvements, on ne parle plus, on ne cille même plus : il fait chaud même quand on respire ! Le compartiment se vide peu à peu, mais on va beau bouger, c’est partout pareil…
Et puis au bout d’une demi-heure d’enfer, pire qu’un sauna, un contrôleur vient nous voir. Nous observant comme de véritables attardées mentales que nous sommes il nous explique que la clim est cassée et qu’il faut aller là où il y a de la clim (là c’est Marion qui fait la traduction, mon cerveau avait déjà disjoncté pour pallier au manque d’air et réduire au minimum l’activité physique, même cérébrale). IL Y A DE LA CLIM QUELQUE PART DANS CE FOUTU TRAIN ?? Alléluya, on trouve deux places dans ce qui est pour nous une chambre froide et on déguste !
23h12 : Mario et Maria doivent penser que mon estomac occupe exactement la totalité de mon buste : ils me font manger comme quatre. Et vas y qu’après l’entrée je te sers un plat. Et il y a deux plats dans le plat et il faut tout manger. Et après il y a aussi l’accompagnement. Et puis le dessert. Et les fruits (« Maria, mannge une pêche » « Non merci beaucoup » « Mais elle est vraiment bonne, regarde, prends un morceau pour me faire plaisir ! » « Bon d’accord… » … 5 minutes plus tard « Je peux prendre une pêche ? Elle était vraiment bonne ». Voilà la triste histoire de ma vie, et de mes kilos). Repas fort en émotions : Non ho capito niente !
Ça fait du bien de prendre une vraie douche qui marche, s’enrouler dans des serviettes moelleuses. Mario et Maria me rappellent mes grands parents… On papote (comme on peut) sur leur terrasse avant d’aller dormir.
PS de pré dodo : on a trouvé la cousine de la montre florentine, sur le mur du fils de Mario et Maria qui dans son absence, nous prête gracieusement sa chambre. Mais elle, au moins, elle marche !
Vendredi 8 juillet :
11h : Marion et moi sommes en pleins préparatifs pour notre « trip » italien. Deux semaines à manger des pâtes et des pizzas, se dorer la pilule, faire nos intellos dans les galeries et les musées. Par préparatifs j’entends : Marion qui court partout dans son appart pour rassembler les dernières affaires, arroser les plantes, nourrir le fauve (Berg, c’est de toi que je parle)… Et moi qui joue à la secrétaire en menant de front : entg, boîte mail, et téléphone. Sciences Po est composé quand même de crétins… Pourquoi dois-je traduire et actualiser mon CV (ainsi que lui trouver une photo), sans mon ordinateur, le jour de mon départ de vacances, pour une rentrée qui se fait le… 1er septembre ??!
16h43 : On a tourné en rond un peu Porte Maillot, on s’est pris la flotte à Beauvais mais on est finalement dans l’avion. Encore un p… d’avion. Ce n’est pas que je ne kiff pas l’avion. Mais bon après les terres australes, je commence à abhorrer l’avion.
23h : ça y est on a été à Pise. On a goûté aux joies des valises dans les bus, les ruelles italiennes. On a kiffé le B&B où on se sert soi même du Coca en déposant un euro dans une tirelire en forme de cochon. On a kiffé la tour de Pise, la Piazza dei Miracoli (ouais je me la pète j’écris en VO, mais bon faut bien que mon italien me serve à quelque chose…), les pâtes napo et le Coca (on va se calmer par contre parce que l’Australie est passée par là et ça fait mal !). On a moins kiffé la découverte de nouvelles valises dans la chambre à notre arrivée (« tu crois que c’est des filles ? » « nan ça c’est clairement un sac de mec » « oui mais là c’est une valise de fille » « un couple alors ? Oh putain on a prit le lit double et on leur a laissé les deux petits lits. Si c’est un couple ils vont nous détester » « euh… on s’en fout non ? »).
Pas d’eau chaude non plus. Haha Indonésie te revoilà (oui parce que dans notre chambre il y a le truc le plus improbable du monde : une photo de Borobudur, celui là même autour duquel j’ai tourné en rond avec une ribambelle de gosses derrière moi, à Java, il y a genre 7 mois). « Au moins ça resserre les pores » dixit Marion. Ah ben oui, là ça resserre tout ce que tu veux…
Samedi 9 juillet 2010 (raturé et transformé en 2011) : je ne sais plus la date
17h35 : SIESTE. On a littéralement pas fermé l’œil de la nuit. A peine couchées hier, deux Californiens sont entrés par effraction dans notre chambre. Ils venaient chercher de l’alcool… LOL. Si on veut sortir ? Euh non les mecs on est en pyj, on dort. Mais nos aventures ne se sont pas arrêtées là : revenus à 3h du mat, nos nouveaux potes se sont mis à ronfler… Roba da matti !! (en VF : un truc de ouf). Et en plus ils nous mettent le réveil à 5h35. Je pensais sincèrement qu’on finirait par les étouffer avec leurs oreillers.
Malgré cet échec notoire de notre première nuit, on visite Pise comme il se doit puis on traîne nos basques jusqu’à la gare qui nous emmène vers Florence. On a un emploi du temps chargé, pas le temps de traîner.
Tourist House à Florence, un concept particulier : on pénètre dans un appart florentin : cuisine, salon, salle à manger, chambres. Le tout dans un état douteux et peuplé de jeunes errants le regard vide, et de vieux un peu bidonants. Hum. Pas le temps de flipper, la meuf de l’accueil nous pompe l’air avec sa nouvelle impôt obligeant les touristes à payer plus cher (ah ouais ? comme par hasard le décret date du 7 juillet ? Tu te fous de nous, nan ? Allez avoue). La sieste est un impératif après tant de stress.
Je-ne-sais-plus-quelle-heure-on-est-parce-que-Marion-m’a-fait-boire-des-Margaritas : on est finalement ressorties en fin d’aprem pour prendre des photos, glander sur le ponte Vecchio et manger des glaces (l’homme de ma vie, un beau brun italien bredouillant en français me donne une glace au chocolat à me faire doubler de volume un peu partout). Marion m’incite à boire (et pourtant elle sait que si il y a bien un truc que je n’ai pas pris de chez mes compatriotes c’est la résistance aux margaritas) et je la saoule tout le soir durant. Bien fait !
Dimanche 10 juillet 2011
J’écrirai tout à postériori à présent, plus le temps de noter nos aventures au fur et à mesure.
On bat tous les records de la patience pour accéder au Saint Graal florentin : les Uffizi. Giotto, je te jure que deux heures d’attente sous le cagnard c’est pour toi ! On se fait une visite bien touristique de Florence avant de tenter l’impossible : monter sur les hauteurs de Florence pour voir le coucher du soleil sur toute la ville. On se traîne (ça a de vagues relents de Kawah Ijen, Java, là où Rémi et Clément avaient failli m’enterrer) et en plus on se gourre de chemin, patates !
On admire le paysage, on prend des photos, on mange (une constante du voyage !). On ne ressortira pas le soir mais on ne dormira pas pour autant : bruit de voitures assourdissants et moustiques tenaces.
On retiendra de Florence la déco mémorable de la chambre que j’ai dessiné mais peux difficilement refaire sur un document word : un assemblage géant de montres en plastiques surdimensionnées…
De Florence je retiendrai aussi un esprit insaisissable de balades au couchant, de jeunes gens dessinant des statues à chaque coin de rue, de chaleur un peu oppressante, la lenteur de l’Arno serpentant à travers la ville. Il y fait bon vivre.
Lundi 11 juillet 2011
20h26 : j’écris de Deruta, un bled paumé de 9000 âmes, en Ombrie. Mario et Maria (putain je viens juste de me rendre compte en rédigeant mes notes, Marion : tu te rends compte qu’on a été accueillis par MARIO et MARIA ???). Ils sont vraiment des amours mais mettent sérieusement à mal mon italien plus que chancelant. Quand on ne connaît que le présent en italien comment expliquer qu’on A HABITE à Sydney et qu’on HABITERA à Paris l’an prochain ? En VF ça donnait quelque chose du genre : « Je habite à Sydney an dernier. Mais j’habite à Paris, septembre ». Huhu ils ont du bien se marrer. Moi j’avais envie de pleurer.
Mais revenons sur la journée. On profite encore un peu de Florence en se baladant à Santa Croce. Après en avoir parlé en long, large et en travers à mes cours d’histoire de l’art, je fais dix fois le tour de la basilique histoire de ne rien louper. C’est quand même mythique.
Puis on prend le train pour aller à Deruta. Et là tenez vous, on a droit à la meilleure blague de l’année ! Pas de clim dans le train. Sauf que dehors il fait plus de 40 degrés à l’ombre et les fenêtres du train ne s’ouvrent pas… Nous restons assises, d’abord rigolant doucement, puis de plus en plus effrayées. C’est qu’il y a quand même plus d’une heure de route… Peu à peu on réduit nos mouvements, on ne parle plus, on ne cille même plus : il fait chaud même quand on respire ! Le compartiment se vide peu à peu, mais on va beau bouger, c’est partout pareil…
Et puis au bout d’une demi-heure d’enfer, pire qu’un sauna, un contrôleur vient nous voir. Nous observant comme de véritables attardées mentales que nous sommes il nous explique que la clim est cassée et qu’il faut aller là où il y a de la clim (là c’est Marion qui fait la traduction, mon cerveau avait déjà disjoncté pour pallier au manque d’air et réduire au minimum l’activité physique, même cérébrale). IL Y A DE LA CLIM QUELQUE PART DANS CE FOUTU TRAIN ?? Alléluya, on trouve deux places dans ce qui est pour nous une chambre froide et on déguste !
23h12 : Mario et Maria doivent penser que mon estomac occupe exactement la totalité de mon buste : ils me font manger comme quatre. Et vas y qu’après l’entrée je te sers un plat. Et il y a deux plats dans le plat et il faut tout manger. Et après il y a aussi l’accompagnement. Et puis le dessert. Et les fruits (« Maria, mannge une pêche » « Non merci beaucoup » « Mais elle est vraiment bonne, regarde, prends un morceau pour me faire plaisir ! » « Bon d’accord… » … 5 minutes plus tard « Je peux prendre une pêche ? Elle était vraiment bonne ». Voilà la triste histoire de ma vie, et de mes kilos). Repas fort en émotions : Non ho capito niente !
Ça fait du bien de prendre une vraie douche qui marche, s’enrouler dans des serviettes moelleuses. Mario et Maria me rappellent mes grands parents… On papote (comme on peut) sur leur terrasse avant d’aller dormir.
PS de pré dodo : on a trouvé la cousine de la montre florentine, sur le mur du fils de Mario et Maria qui dans son absence, nous prête gracieusement sa chambre. Mais elle, au moins, elle marche !
mardi 3 mai 2011
A Wicked Relationship
En prime time sur votre blog préféré, une guest star ce soir: Clément Leroy!
Vous vous souvenez des galères tasmaniennes? Particulièrement le van, WICKED. Eh bien il y a des gens qui ont souffert encore plus que moi. Il y a des gens qui ont passé plus d'un MOIS dans un van wicked. Et ils sont là ce soir, pour en témoigner.
Je laisse donc la parole à Clément:
A WICKED RELATIONSHIP
Etre dans un Wicked, c’est comme vivre une relation amoureuse. Des hauts et des bas, des moments incroyables comme des moments d’angoisse, de la maladresse de la première fois à la déchirure de la séparation. Une relation complète, une vie de couple bien remplie quoi !
Après 38 jours de Wicked, je me sens comme un vieillard radotant sur ses conquêtes de jeunesse. Un vieux routard, avec au compteur :
6 jours en Tasmanie
11 jours de Perth à Adelaïde
11 jours d’Adelaïde à Sydney
10 jours en Nouvelle-Zélande
Mieux que le vétéran du Viet Nam, voici le vétéran du Wicked, Castor d’Or dans le jargon du road trip !
De mon point de vue masculin donc, et de la crédibilité que m’accorde le titre de Castor d’Or, je vais pousser la comparaison entre la wicked relationship et la couple relationship jusqu’au bout.
1) D’abord, la rencontre
Il faut arrêter de se voiler la face, oui, je l’avoue, le physique fait presque tout lors de la première rencontre. Les blablas sur l’importance de la personnalité, de l’humour et du charme, à la trappe ! Comme un mec comme les autres, la première chose que je « mate » chez une fille et bien c’est… son cul.
L’aveu fait, il en est de même pour le Wicked van. L’intérieur n’a que peu d’importance, le premier regard se porte sur la carrosserie, le calibre et surtout l’arrière train de l’engin.
Mais là, oh miracle, la wicked relationship permet au premier coup d’œil au dragueur de van de mater le postérieur tout en cernant la personnalité du véhicule. Car oui, sur son délicat fessier est aussi tatouée sa philosophie de vie !
« Superman was adopted »
« Mr T doesn’t breathe, he holds air hostage »
“If you can’t ride it or take it to bed, it’s not worth having”
“It’s white, it’s powder and it’s legal” et autres.
Imaginez un peu que sur l’arrière du jean d’une fille soit écrit:
« Je suis belle, mais qu’est ce que je suis chiante »
« Attention possessivité envahissante »
Ou « J’ai plus besoin d’un psychiatre que d’un amant »
Ça simplifierait bien des choses… Peut être un concept à développer à l’avenir ?
Mais hélas, ou heureusement, comme dans la vraie vie, on n’obtient pas forcément la cible originelle. Le super van Harry Potter avec turbo réacteur, écran plasma et jacuzzi intégré n’est pas à la portée de tout le monde ! Surtout, comme dans une relation de couple, on n’est jamais vraiment deux dans une wicked relationship. Il y a les amis, la famille et autres dont l’avis et les actions influencent grandement la formation de la relation.
A Wicked donc, rien n’est jamais facile ni direct. On passe 3 heures à décider du nombre de vans, du nombre de places dans le van, à séparer le prix en 3, en 4, en 7 en retenant 2 et en divisant par 11 et soustrayant 500. En fait non, en divisant par 2 puis par 22, mais seulement pour 4 personnes. Bref, le casse-tête !
Avec une fille, c’est pareil. Bien sur, il y a la rencontre en boîte de nuit où tout se fait directement et en 2 secondes. Mais le plus souvent, c’est un processus de longue haleine impliquant 3 cafés (je paye les 2 premiers, elle paye le troisième ?) puis le cinéma, le resto (je paye, on partage ?) avec les amis qui soutiennent (Vas-y, elle a l’air d’être une fille bien) et d’autres un peu moins (Mouai, t’implique pas trop quand même hein !)
Surtout, on se retrouve toujours avec des coûts inattendus :
La taxe spéciale désert, la taxe carte bancaire, la taxe jeune conducteur, la taxe anti-kangourous… C’est comme découvrir que sa « date » du moment a beau être très mignonne, elle habite en banlieue et le ticket de RER coûte 7 euros aller-retour puisque, bien sur, elle habite en zone 3 alors que ton passe navigo couvre la 1 et la 2…
Bref, avec tout ça, on y est enfin, au moment fatidique : le premier baiser ou le symbole de la mise en couple. C’est maladroit, on ne sait pas trop où mettre sa main dans son dos, avec quelle intensité il faut presser sur les lèvres de l’autre. Mais le sentiment d’excitation est bien là ! Pareil avec le Wicked, où peut-on bien mettre tous ces sacs qui nous encombrent ? Où est le contact pour la clé ? Avec quelle intensité faut-il presser sur l’accélérateur ?
Oups, pardon pour le départ un peu brusque, « la pédale était coincée » !
Car oui, on l’est tous, un peu coincé, lors de notre premier baiser.
2) Ensuite, la mise en route, le début de l’expérience
Les premiers temps, tout est toujours rose au Pays des Bisounours, on plane sur son petit nuage !
Tout parait incroyable, marcher la main dans la main dans la rue suffit à rendre béat, on découvre les goûts de l’autre. C’est aussi l’époque où on fait attention à tout pour plaire à l’autre : invitation au restaurant, toujours avec sa plus belle chemise, 7 couches de déodorant et de parfum, sous-vêtements irréprochables, aucun écart de langage. On se sent tout fier à marcher aux côtés de sa « date », on a l’impression que le monde entier nous envie.
En Wicked, même histoire. On découvre la conduite à gauche, la cuisine au gaz sur le réchaud, les chansons de la playlist sonnent nouvelles et belles aux oreilles. Surtout, on range bien son sac, on ne laisse pas trainer ses affaires partout. On fait bien attention à ne pas salir le van, on retire ses chaussures avant de monter, on fait le plein de nourriture dans le « frigo » avec un rangement alphabétique des aliments, on fait le plein d’essence, d’eau.
On est fier de son van Wiked, on roule les fenêtres ouvertes et la musique à fond avec l’impression que tous les gens (bon, ok, pas grand monde car on est dans le bush australien) se retournent sur notre passage et envient notre relation éclatante et fusionnelle des premiers instants.
On prend vite la confiance, allez hop on retire la ceinture et on s’assoit sur les sacs pour être plus proche du conducteur, plus proche de l’autre, on se sent pousser des ailes.
Au début, on peut faire des centaines de kilomètres sans sourciller, avec toujours ce sentiment d’excitation que l’on va vivre un moment extraordinaire à l’arrivée. Idem encore en couple : « Putain, faire 1h30 de métro (il y a grève) pour aller voir une troisième fois Avatar (qui est une daube) avec elle… YEAAAH, trop excité ! »
On se contente d’un rien. On se bat pour faire les corvées, juste pour plaire à l’autre et parce que, oui, au début, ça fait vraiment plaisir de dire « Non non, je t’assure, ça me dérange pas de venir chez toi alors qu’il est minuit et qu’il n’y a plus de bus (merci Sydney) ». C’est comme dire « Non, non, laisse moi conduire les 500 prochains kilomètres, je me sens bien là au volant au milieu du désert ! ». Ou, dans les deux cas, la fameuse réplique : « Laisse, je vais faire la vaisselle, j’ai envie. ».
Avec tout ça, on commence à bien se connaître et on commence surtout à vouloir que la relation aille un peu plus loin… vous voyez surement de quoi je veux parler. Il y a des prémices, des tentatives : dormir l’un contre l’autre lors d’une sieste sur un canapé, un baiser un peu plus passionné qui sous-entend beaucoup… on s’allonge plutôt que l’on s’assoit à l’arrière du van, une tête qui repose de façon plus appuyée sur le siège…
3) La première fois
Oui, le voilà le véritable moment fatidique, le rêve comme le plus grand stress dans une relation, la première nuit ensemble, la première fois.
Il commence à se faire tard, la nuit est déjà bien tombée. Pourtant, on passe en revue tous les sujets de conversations possibles et imaginables pour retarder l’instant où tout va basculer, tout en ne rêvant que d’une chose : savoir enfin ce que cela fait de coucher avec quelqu’un, de coucher dans un Wicked.
Au début, c’est maladroit, approximatif. On se sait pas trop, trop de choix, trop de choses à penser : pyjamas ou directement en caleçon ? Nuisette sexy pour elle ? Pareil dans le Wicked, on maintient les apparences, on met son pyjama le plus propre et on cache son nounours. On fait quelques approches, un siège repoussé par ici un matelas posé là, une personne ici, une autre là, un bras posé à cet endroit là, caresse ici, bisous dans le cou, sur la gorge…
Puis ça s’emballe ! On retire ses vêtements à toute vitesse et on se colle à l’autre/ on pousse tous les sacs, met tous les matelas en alignement parfait.
Ça y est, on est en contact direct avec la personne, peau contre peau, allongé l’un sur l’autre. On ne fait plus qu’un avec le matelas du van, on ressent toute la physionomie de la portière, de la poignée qui s’enfonce dans son dos à la cache où l’on peut glisser sa main…
Puis, vient le moment le plus gênant… On est nu, mais il faut le fameux « tue l’amour », le préservatif. Dans le van, on a cru aussi que le sac de couchage n’était pas nécessaire. Alors, on se contorsionne pour s’enfiler dans le sac de couchage tout en ne bousculant pas trop les gens qui dorment à côté ! Une vraie gymnastique, ou au final, on se rend compte qu’on l’a mis à l’envers… et que tout est à refaire. L’autre/ les autres ne protestent pas mais n’en pense pas moins. Du coup, le moment est un peu passé, mais tant d’efforts ont déjà été faits que l’on continue tout de même.
C’est enfin le feu de l’action. On se sent serré, on a chaud, très chaud, le sac de couchage gêne mais sans, c’est le risque d’attraper froid (ou d’autres maladies moins drôles). On est au plus proche de l’autre, au plus proche du van, des corps imbriqués les uns dans les autres, des maladresses aussi avec un coude ou un pied qui finit on se sait comment dans le visage de l’autre !
On tente les positions les plus connues, la tranche ou la quinconce, on ne fait pas vraiment dans l’originalité. On fait des mouvements avec son corps qu’on ne se croyait pas capable de faire. On passe des soupirs de plaisir quand on trouve un agencement qui fonctionne, on grimace quand tenir la position devient douloureux. On a envie de parler à l’autre/ aux autres, de lui/leurs dire de se mettre comme ci ou comme ça, mais on n’ose pas s’exprimer si directement alors la communication reste très primaire :
« Oui ! Oh oui ! » « Non non non »
« Attends, comme ça c’est mieux »
« Si je mets mon bras ici… »
« Nooon, pas avec les pieds ! »
Finalement, vient le moment de la libération…
On s’endort.
La première fois en Wicked, c’est comme avec en couple : c’est un peu douloureux, et surtout c’est toujours trop court !
« Déjà ? » dit l’habitant déçu du Wicked alors que son réveil sonne et qu’il n’a dormi que 3 heures. La nuit/le moment ont été trop courts, mais aussi trop longs à la fois : on se sent fatigué, courbaturé.
« Déjà ? », mais en même temps on ne regrette pour rien au monde l’expérience (ou alors on regrette beaucoup !) et surtout on a hâte d’améliorer la prochaine fois !
4) La routine
Les jours passent. La magie des premiers instants disparait peu à peu. On s’habitue à tout même à une relation wicked et derrière tous les bons côtés on voit de mieux en mieux se dessiner les défauts de l’autre. Surtout, on ne cherche plus vraiment à maintenir les apparences.
Faire des efforts d’habillement d’abord : fini les tee-shirts propres et fashion, la petite nuisette sexy et tout le tralala. Bonjour les survêts’ informes, troués de partout, les chaussettes pour aller au lit et le tee-shirt que l’on met 4 jours de suite, nuits et jours. On fait moins attention, on ne range plus sa chambre avant que l’autre ne vienne/ on balance ses affaires aux 4 coins du van sans viser son sac.
La playlist ne semble plus aussi nouvelle, on commence à se lasser de certaines chansons comme on se lasse facilement des petites manies et des obsessions de sa partenaire.
« J’ai VRAIMENT envie de prendre une douche ».
L’excitation est retombée, même faire 10 minutes de marche pour la voir est un fardeau. On ne se bat plus pour conduire, au contraire ! Toute occasion est bonne pour laisser le volant à quelqu’un d’autre : pause déjeuner, pause toilettes, pause tout court ! La route qui semblait si belle, si pleine de surprises est dorénavant une longue ligne droite de bitume jaune qui se confond avec le désert qui l’entoure.
Les défauts de l’autre deviennent pesants : les goûts de luxe, la gourmandise… On devient réticent à faire un plein d’essence à 100 dollars par jour pour son Wicked van chéri, on devient radin. Le frigo est à moitié vide, la bombonne d’eau aussi, on l’invite moins au resto, on reste chez soi devant la télé.
Il ya aussi ce qu’on découvre de pas forcément plaisant en son partenaire : un ex encore trop présent, des habitudes de vie opposées (couche tôt/tard, lève tôt/tard), des problèmes de direction qui manque d’envoyer l’ensemble de la relation dans le décor…
Les mésaventures aussi, les crises de jalousie, les crises naissant d’un manque d’intimité, les pannes aussi : de batterie, d’essence, sexuelles…
En clair, la route se fait chaotique, on fatigue. On s’aperçoit alors que sa relation n’est pas aussi unique. On regarde les autres Wicked sur la route, matant discrètement leur arrière train, on envie leur philosophie de vie si différente. On commence à regarder ailleurs quoi.
Mais tout n’est pas aussi noir. La relation murit aussi. On sait ce qui plait à l’autre comme on sait que le van surchauffe lorsque la pente se fait trop prononcée. On sait que la playlist poubelle fait toujours son petit effet, on sait que sa partenaire ne supporte pas les poils sur le sol de sa douche… On fait des efforts, on persévère, on mange des pâtes et de la purée tous les jours mais c’est parce que, au final, on est bien avec son van !
Les nuits aussi prennent une autre saveur. On gagne en originalité, on tente des positions nouvelles : à l’envers, de ¾, à 2, 3 ou 4, sans les mains (ankylosées par le manque d’afflux sanguin), 1 devant, 3 derrière… avec succès ou alors pour les pires nuits imaginables ! Mais tout de même, on gagne en endurance, les nuits apportent de plus en plus de satisfaction malgré les ratés. Oui, bon, j’avoue, les nuits en Wicked ont rarement été reposantes, mais lorsque l’on a renoncé à ne pas avoir mal au dos et accepté de perdre l’usage de ses bras, ce n’est pas si terrible.
Surtout, contrepartie du manque chronique d’intimité, la communication se fait beaucoup plus claire et directe :
« Bouge ! »
« Mais non, pas comme ça ! »
« J’ai VRAIMENT pas beaucoup de place ! »
La relation va donc son cours, avec ses hauts et ses bas. Mais une relation si fusionnelle, ça use, et on en vient à rêver de sa vie de célibataire !
5) La séparation ou la rupture
Et oui, même les plus belles histoires ont une fin et les relations Wicked n’échappent pas à la règle. Comme pour un couple, les raisons sont multiples : défaillance technique, incompatibilité de caractères, rencontre d’un nouveau van Wicked qui à l’air bien mieux, ou tout simplement la fatigue et l’usure de la vie ensemble.
La séparation, comme entre deux personnes, est en soit un acte rapide. Il ne suffit que d’une parole (parfois ponctué d’un geste portant atteinte à l’intégrité physique). A Wicked, il suffit de rendre les clés : 1 minute top chrono alors qu’il a fallut plus de 3h pour obtenir le van… De quoi enrager, la vie est parfois très injuste.
Mais comme toujours, c’est surtout tout ce qui est lié à la séparation qui est douloureux. Il faut, pour reprendre l’expression populaire, « laver son ligne sale en public ». Et bien là, littéralement, le van doit être lavé de fond en comble et il n’est pas rare d’ailleurs de retrouver des sous-vêtements à la propreté douteuse dans des endroits improbables. Etre en couple, c’est aussi s’assoir sur des histoires et des sujets de dispute qui ressurgissent aussitôt que la séparation se fait. C’est encore littéralement le cas en Wicked : on passe 10 jours à être assis sur on ne sait pas trop quoi, et à l’heure de rendre le van on se rend mieux compte de pourquoi la relation commençait à sentir bien mauvais ! (Oh, la fuite d’huile et de pesto dans le « frigo » ! Oh, ma vieille serviette mouillée !)
C’est plein de souvenirs aussi, une chanson qui est liée à un instant magique ou un délire, un siège favori dans le van, une position brevetée pour dormir… Bref, c’est une déchirure aussi, c’est un petit souvenir sur roues que l’on laisse derrière soir. Il faut « se souvenir des belles choses » !
Mais il faut faire attention aussi à ne rien oublier derrière soi ! Rien de plus gênant que de devoir récupérer toutes ses affaires chez son ex, et bien c’est la même chose chez Wicked et même pire ! Car, au contraire de votre ex qui les aurait surement brulées, les équipes de Wicked vont laisser vos affaires à la disposition de tous les prochains loueurs, dans la fameuse étagère « Free stuff »…
Enfin, c’est savoir que d’autres personnes vont vivre bientôt une wicked relationship avec son ex-van. Il faut gérer la jalousie, s’assoir sur sa fierté en se disant que, même si l’expérience était unique, elle n’était et ne sera pas exclusive.
« Vous croyez qu’on peut racheter notre Wicked ? »
J’écris donc ces mots en célibataire Wicked. Comme tout vrai nouveau célibataire, après la récente rupture, je retrouve mon lit simple qui semble bien vide. En s’allongeant, le sentiment est incomparable : la solitude, la perte d’un repère, mais aussi un certain soulagement et surtout, surtout, un espoir…
… L’espoir que le prochain Wicked sera The Wicked, le bon. Le Wicked de ma vie avec qui je gambaderais (enfin, roulerais) nu dans les prairies, heureux, jusqu’à ce que la mort nous sépare (ou la casse pour le pauvre van).
AMEN.
Thanks to Clément for the article.
Thanks to Marie SM and Juliette for the photos.
Vous vous souvenez des galères tasmaniennes? Particulièrement le van, WICKED. Eh bien il y a des gens qui ont souffert encore plus que moi. Il y a des gens qui ont passé plus d'un MOIS dans un van wicked. Et ils sont là ce soir, pour en témoigner.
Je laisse donc la parole à Clément:
A WICKED RELATIONSHIP
Etre dans un Wicked, c’est comme vivre une relation amoureuse. Des hauts et des bas, des moments incroyables comme des moments d’angoisse, de la maladresse de la première fois à la déchirure de la séparation. Une relation complète, une vie de couple bien remplie quoi !
Après 38 jours de Wicked, je me sens comme un vieillard radotant sur ses conquêtes de jeunesse. Un vieux routard, avec au compteur :
6 jours en Tasmanie
11 jours de Perth à Adelaïde
11 jours d’Adelaïde à Sydney
10 jours en Nouvelle-Zélande
Mieux que le vétéran du Viet Nam, voici le vétéran du Wicked, Castor d’Or dans le jargon du road trip !
De mon point de vue masculin donc, et de la crédibilité que m’accorde le titre de Castor d’Or, je vais pousser la comparaison entre la wicked relationship et la couple relationship jusqu’au bout.
1) D’abord, la rencontre
Il faut arrêter de se voiler la face, oui, je l’avoue, le physique fait presque tout lors de la première rencontre. Les blablas sur l’importance de la personnalité, de l’humour et du charme, à la trappe ! Comme un mec comme les autres, la première chose que je « mate » chez une fille et bien c’est… son cul.
L’aveu fait, il en est de même pour le Wicked van. L’intérieur n’a que peu d’importance, le premier regard se porte sur la carrosserie, le calibre et surtout l’arrière train de l’engin.
Mais là, oh miracle, la wicked relationship permet au premier coup d’œil au dragueur de van de mater le postérieur tout en cernant la personnalité du véhicule. Car oui, sur son délicat fessier est aussi tatouée sa philosophie de vie !
« Superman was adopted »
« Mr T doesn’t breathe, he holds air hostage »
“If you can’t ride it or take it to bed, it’s not worth having”
“It’s white, it’s powder and it’s legal” et autres.
Imaginez un peu que sur l’arrière du jean d’une fille soit écrit:
« Je suis belle, mais qu’est ce que je suis chiante »
« Attention possessivité envahissante »
Ou « J’ai plus besoin d’un psychiatre que d’un amant »
Ça simplifierait bien des choses… Peut être un concept à développer à l’avenir ?
Mais hélas, ou heureusement, comme dans la vraie vie, on n’obtient pas forcément la cible originelle. Le super van Harry Potter avec turbo réacteur, écran plasma et jacuzzi intégré n’est pas à la portée de tout le monde ! Surtout, comme dans une relation de couple, on n’est jamais vraiment deux dans une wicked relationship. Il y a les amis, la famille et autres dont l’avis et les actions influencent grandement la formation de la relation.
A Wicked donc, rien n’est jamais facile ni direct. On passe 3 heures à décider du nombre de vans, du nombre de places dans le van, à séparer le prix en 3, en 4, en 7 en retenant 2 et en divisant par 11 et soustrayant 500. En fait non, en divisant par 2 puis par 22, mais seulement pour 4 personnes. Bref, le casse-tête !
Avec une fille, c’est pareil. Bien sur, il y a la rencontre en boîte de nuit où tout se fait directement et en 2 secondes. Mais le plus souvent, c’est un processus de longue haleine impliquant 3 cafés (je paye les 2 premiers, elle paye le troisième ?) puis le cinéma, le resto (je paye, on partage ?) avec les amis qui soutiennent (Vas-y, elle a l’air d’être une fille bien) et d’autres un peu moins (Mouai, t’implique pas trop quand même hein !)
Surtout, on se retrouve toujours avec des coûts inattendus :
La taxe spéciale désert, la taxe carte bancaire, la taxe jeune conducteur, la taxe anti-kangourous… C’est comme découvrir que sa « date » du moment a beau être très mignonne, elle habite en banlieue et le ticket de RER coûte 7 euros aller-retour puisque, bien sur, elle habite en zone 3 alors que ton passe navigo couvre la 1 et la 2…
Bref, avec tout ça, on y est enfin, au moment fatidique : le premier baiser ou le symbole de la mise en couple. C’est maladroit, on ne sait pas trop où mettre sa main dans son dos, avec quelle intensité il faut presser sur les lèvres de l’autre. Mais le sentiment d’excitation est bien là ! Pareil avec le Wicked, où peut-on bien mettre tous ces sacs qui nous encombrent ? Où est le contact pour la clé ? Avec quelle intensité faut-il presser sur l’accélérateur ?
Oups, pardon pour le départ un peu brusque, « la pédale était coincée » !
Car oui, on l’est tous, un peu coincé, lors de notre premier baiser.
2) Ensuite, la mise en route, le début de l’expérience
Les premiers temps, tout est toujours rose au Pays des Bisounours, on plane sur son petit nuage !
Tout parait incroyable, marcher la main dans la main dans la rue suffit à rendre béat, on découvre les goûts de l’autre. C’est aussi l’époque où on fait attention à tout pour plaire à l’autre : invitation au restaurant, toujours avec sa plus belle chemise, 7 couches de déodorant et de parfum, sous-vêtements irréprochables, aucun écart de langage. On se sent tout fier à marcher aux côtés de sa « date », on a l’impression que le monde entier nous envie.
En Wicked, même histoire. On découvre la conduite à gauche, la cuisine au gaz sur le réchaud, les chansons de la playlist sonnent nouvelles et belles aux oreilles. Surtout, on range bien son sac, on ne laisse pas trainer ses affaires partout. On fait bien attention à ne pas salir le van, on retire ses chaussures avant de monter, on fait le plein de nourriture dans le « frigo » avec un rangement alphabétique des aliments, on fait le plein d’essence, d’eau.
On est fier de son van Wiked, on roule les fenêtres ouvertes et la musique à fond avec l’impression que tous les gens (bon, ok, pas grand monde car on est dans le bush australien) se retournent sur notre passage et envient notre relation éclatante et fusionnelle des premiers instants.
On prend vite la confiance, allez hop on retire la ceinture et on s’assoit sur les sacs pour être plus proche du conducteur, plus proche de l’autre, on se sent pousser des ailes.
Au début, on peut faire des centaines de kilomètres sans sourciller, avec toujours ce sentiment d’excitation que l’on va vivre un moment extraordinaire à l’arrivée. Idem encore en couple : « Putain, faire 1h30 de métro (il y a grève) pour aller voir une troisième fois Avatar (qui est une daube) avec elle… YEAAAH, trop excité ! »
On se contente d’un rien. On se bat pour faire les corvées, juste pour plaire à l’autre et parce que, oui, au début, ça fait vraiment plaisir de dire « Non non, je t’assure, ça me dérange pas de venir chez toi alors qu’il est minuit et qu’il n’y a plus de bus (merci Sydney) ». C’est comme dire « Non, non, laisse moi conduire les 500 prochains kilomètres, je me sens bien là au volant au milieu du désert ! ». Ou, dans les deux cas, la fameuse réplique : « Laisse, je vais faire la vaisselle, j’ai envie. ».
Avec tout ça, on commence à bien se connaître et on commence surtout à vouloir que la relation aille un peu plus loin… vous voyez surement de quoi je veux parler. Il y a des prémices, des tentatives : dormir l’un contre l’autre lors d’une sieste sur un canapé, un baiser un peu plus passionné qui sous-entend beaucoup… on s’allonge plutôt que l’on s’assoit à l’arrière du van, une tête qui repose de façon plus appuyée sur le siège…
3) La première fois
Oui, le voilà le véritable moment fatidique, le rêve comme le plus grand stress dans une relation, la première nuit ensemble, la première fois.
Il commence à se faire tard, la nuit est déjà bien tombée. Pourtant, on passe en revue tous les sujets de conversations possibles et imaginables pour retarder l’instant où tout va basculer, tout en ne rêvant que d’une chose : savoir enfin ce que cela fait de coucher avec quelqu’un, de coucher dans un Wicked.
Au début, c’est maladroit, approximatif. On se sait pas trop, trop de choix, trop de choses à penser : pyjamas ou directement en caleçon ? Nuisette sexy pour elle ? Pareil dans le Wicked, on maintient les apparences, on met son pyjama le plus propre et on cache son nounours. On fait quelques approches, un siège repoussé par ici un matelas posé là, une personne ici, une autre là, un bras posé à cet endroit là, caresse ici, bisous dans le cou, sur la gorge…
Puis ça s’emballe ! On retire ses vêtements à toute vitesse et on se colle à l’autre/ on pousse tous les sacs, met tous les matelas en alignement parfait.
Ça y est, on est en contact direct avec la personne, peau contre peau, allongé l’un sur l’autre. On ne fait plus qu’un avec le matelas du van, on ressent toute la physionomie de la portière, de la poignée qui s’enfonce dans son dos à la cache où l’on peut glisser sa main…
Puis, vient le moment le plus gênant… On est nu, mais il faut le fameux « tue l’amour », le préservatif. Dans le van, on a cru aussi que le sac de couchage n’était pas nécessaire. Alors, on se contorsionne pour s’enfiler dans le sac de couchage tout en ne bousculant pas trop les gens qui dorment à côté ! Une vraie gymnastique, ou au final, on se rend compte qu’on l’a mis à l’envers… et que tout est à refaire. L’autre/ les autres ne protestent pas mais n’en pense pas moins. Du coup, le moment est un peu passé, mais tant d’efforts ont déjà été faits que l’on continue tout de même.
C’est enfin le feu de l’action. On se sent serré, on a chaud, très chaud, le sac de couchage gêne mais sans, c’est le risque d’attraper froid (ou d’autres maladies moins drôles). On est au plus proche de l’autre, au plus proche du van, des corps imbriqués les uns dans les autres, des maladresses aussi avec un coude ou un pied qui finit on se sait comment dans le visage de l’autre !
On tente les positions les plus connues, la tranche ou la quinconce, on ne fait pas vraiment dans l’originalité. On fait des mouvements avec son corps qu’on ne se croyait pas capable de faire. On passe des soupirs de plaisir quand on trouve un agencement qui fonctionne, on grimace quand tenir la position devient douloureux. On a envie de parler à l’autre/ aux autres, de lui/leurs dire de se mettre comme ci ou comme ça, mais on n’ose pas s’exprimer si directement alors la communication reste très primaire :
« Oui ! Oh oui ! » « Non non non »
« Attends, comme ça c’est mieux »
« Si je mets mon bras ici… »
« Nooon, pas avec les pieds ! »
Finalement, vient le moment de la libération…
On s’endort.
La première fois en Wicked, c’est comme avec en couple : c’est un peu douloureux, et surtout c’est toujours trop court !
« Déjà ? » dit l’habitant déçu du Wicked alors que son réveil sonne et qu’il n’a dormi que 3 heures. La nuit/le moment ont été trop courts, mais aussi trop longs à la fois : on se sent fatigué, courbaturé.
« Déjà ? », mais en même temps on ne regrette pour rien au monde l’expérience (ou alors on regrette beaucoup !) et surtout on a hâte d’améliorer la prochaine fois !
4) La routine
Les jours passent. La magie des premiers instants disparait peu à peu. On s’habitue à tout même à une relation wicked et derrière tous les bons côtés on voit de mieux en mieux se dessiner les défauts de l’autre. Surtout, on ne cherche plus vraiment à maintenir les apparences.
Faire des efforts d’habillement d’abord : fini les tee-shirts propres et fashion, la petite nuisette sexy et tout le tralala. Bonjour les survêts’ informes, troués de partout, les chaussettes pour aller au lit et le tee-shirt que l’on met 4 jours de suite, nuits et jours. On fait moins attention, on ne range plus sa chambre avant que l’autre ne vienne/ on balance ses affaires aux 4 coins du van sans viser son sac.
La playlist ne semble plus aussi nouvelle, on commence à se lasser de certaines chansons comme on se lasse facilement des petites manies et des obsessions de sa partenaire.
« J’ai VRAIMENT envie de prendre une douche ».
L’excitation est retombée, même faire 10 minutes de marche pour la voir est un fardeau. On ne se bat plus pour conduire, au contraire ! Toute occasion est bonne pour laisser le volant à quelqu’un d’autre : pause déjeuner, pause toilettes, pause tout court ! La route qui semblait si belle, si pleine de surprises est dorénavant une longue ligne droite de bitume jaune qui se confond avec le désert qui l’entoure.
Les défauts de l’autre deviennent pesants : les goûts de luxe, la gourmandise… On devient réticent à faire un plein d’essence à 100 dollars par jour pour son Wicked van chéri, on devient radin. Le frigo est à moitié vide, la bombonne d’eau aussi, on l’invite moins au resto, on reste chez soi devant la télé.
Il ya aussi ce qu’on découvre de pas forcément plaisant en son partenaire : un ex encore trop présent, des habitudes de vie opposées (couche tôt/tard, lève tôt/tard), des problèmes de direction qui manque d’envoyer l’ensemble de la relation dans le décor…
Les mésaventures aussi, les crises de jalousie, les crises naissant d’un manque d’intimité, les pannes aussi : de batterie, d’essence, sexuelles…
En clair, la route se fait chaotique, on fatigue. On s’aperçoit alors que sa relation n’est pas aussi unique. On regarde les autres Wicked sur la route, matant discrètement leur arrière train, on envie leur philosophie de vie si différente. On commence à regarder ailleurs quoi.
Mais tout n’est pas aussi noir. La relation murit aussi. On sait ce qui plait à l’autre comme on sait que le van surchauffe lorsque la pente se fait trop prononcée. On sait que la playlist poubelle fait toujours son petit effet, on sait que sa partenaire ne supporte pas les poils sur le sol de sa douche… On fait des efforts, on persévère, on mange des pâtes et de la purée tous les jours mais c’est parce que, au final, on est bien avec son van !
Les nuits aussi prennent une autre saveur. On gagne en originalité, on tente des positions nouvelles : à l’envers, de ¾, à 2, 3 ou 4, sans les mains (ankylosées par le manque d’afflux sanguin), 1 devant, 3 derrière… avec succès ou alors pour les pires nuits imaginables ! Mais tout de même, on gagne en endurance, les nuits apportent de plus en plus de satisfaction malgré les ratés. Oui, bon, j’avoue, les nuits en Wicked ont rarement été reposantes, mais lorsque l’on a renoncé à ne pas avoir mal au dos et accepté de perdre l’usage de ses bras, ce n’est pas si terrible.
Surtout, contrepartie du manque chronique d’intimité, la communication se fait beaucoup plus claire et directe :
« Bouge ! »
« Mais non, pas comme ça ! »
« J’ai VRAIMENT pas beaucoup de place ! »
La relation va donc son cours, avec ses hauts et ses bas. Mais une relation si fusionnelle, ça use, et on en vient à rêver de sa vie de célibataire !
5) La séparation ou la rupture
Et oui, même les plus belles histoires ont une fin et les relations Wicked n’échappent pas à la règle. Comme pour un couple, les raisons sont multiples : défaillance technique, incompatibilité de caractères, rencontre d’un nouveau van Wicked qui à l’air bien mieux, ou tout simplement la fatigue et l’usure de la vie ensemble.
La séparation, comme entre deux personnes, est en soit un acte rapide. Il ne suffit que d’une parole (parfois ponctué d’un geste portant atteinte à l’intégrité physique). A Wicked, il suffit de rendre les clés : 1 minute top chrono alors qu’il a fallut plus de 3h pour obtenir le van… De quoi enrager, la vie est parfois très injuste.
Mais comme toujours, c’est surtout tout ce qui est lié à la séparation qui est douloureux. Il faut, pour reprendre l’expression populaire, « laver son ligne sale en public ». Et bien là, littéralement, le van doit être lavé de fond en comble et il n’est pas rare d’ailleurs de retrouver des sous-vêtements à la propreté douteuse dans des endroits improbables. Etre en couple, c’est aussi s’assoir sur des histoires et des sujets de dispute qui ressurgissent aussitôt que la séparation se fait. C’est encore littéralement le cas en Wicked : on passe 10 jours à être assis sur on ne sait pas trop quoi, et à l’heure de rendre le van on se rend mieux compte de pourquoi la relation commençait à sentir bien mauvais ! (Oh, la fuite d’huile et de pesto dans le « frigo » ! Oh, ma vieille serviette mouillée !)
C’est plein de souvenirs aussi, une chanson qui est liée à un instant magique ou un délire, un siège favori dans le van, une position brevetée pour dormir… Bref, c’est une déchirure aussi, c’est un petit souvenir sur roues que l’on laisse derrière soir. Il faut « se souvenir des belles choses » !
Mais il faut faire attention aussi à ne rien oublier derrière soi ! Rien de plus gênant que de devoir récupérer toutes ses affaires chez son ex, et bien c’est la même chose chez Wicked et même pire ! Car, au contraire de votre ex qui les aurait surement brulées, les équipes de Wicked vont laisser vos affaires à la disposition de tous les prochains loueurs, dans la fameuse étagère « Free stuff »…
Enfin, c’est savoir que d’autres personnes vont vivre bientôt une wicked relationship avec son ex-van. Il faut gérer la jalousie, s’assoir sur sa fierté en se disant que, même si l’expérience était unique, elle n’était et ne sera pas exclusive.
« Vous croyez qu’on peut racheter notre Wicked ? »
J’écris donc ces mots en célibataire Wicked. Comme tout vrai nouveau célibataire, après la récente rupture, je retrouve mon lit simple qui semble bien vide. En s’allongeant, le sentiment est incomparable : la solitude, la perte d’un repère, mais aussi un certain soulagement et surtout, surtout, un espoir…
… L’espoir que le prochain Wicked sera The Wicked, le bon. Le Wicked de ma vie avec qui je gambaderais (enfin, roulerais) nu dans les prairies, heureux, jusqu’à ce que la mort nous sépare (ou la casse pour le pauvre van).
AMEN.
Thanks to Clément for the article.
Thanks to Marie SM and Juliette for the photos.
dimanche 1 mai 2011
Can(’t) be(a)r rrrrrrrha !
« Je vous envoie une carte de la ville la plus ennuyante au monde, Canberra » : paroles véridiques, qu’on peut encore trouver gravées sur une carte postale, magnétisée sur le frigo de mes parents, à l’autre bout du monde.
Canberra, c’est :
- Une ville en plein milieu du wild australien. « Nous arrivons à Canberra, veuillez ne rien laisser dans l’autocar ». Juliette : « Hein ?? Où ça Canberra ? On est en plein milieu d’un champ ! » Ah, attendez, je vois une maison… Non, deux !
- Autant dire : Canberra = un grand village (population : 200 000 habitants. Montpellier et une partie de son agglo donc… LOL).
- Beaucoup d’herbe, encore de l’herbe, du gazon et puis de l’herbe…
- Pas de boutiques/cafés/restaurants ouverts après 17h.
- Des bus circulant à intervalle d’une heure.
- La gallérie d’art la plus petite de l’histoire des galléries d’art (hormis peut-être le Nicholson Museum de Sydney Uni qui fait la taille monumentale… d’une pièce d’une trentaine de mètres carrés !).
- Des gens adorables, mais inexistants ! Croiser un homme (ou une femme) dans la rue relève de l’impossible.
- Aucun étudiant de Sciences Po en échange à ANU (et 3 en Tasmanie l’année prochaine, autant dire la honte. Régine, cette fois ci nous allons définitivement perde le partenariat avec Canberra!)
Alors pourquoi Canberra ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoiiiiiii ?
Parce que ce n’est pas loin de Sydney, trois heures en bus à peine. Parce que ce n’est pas cher. Et parce que ce serait dommage de ne pas visiter la vraie capitale de l’Australie, avant de partir.
Le lendemain de mon anniversaire donc, nous nous étions embarqués dans un petit voyage vers Canberra.
Des joies du couch surfing
Pour une fois nous ne logions pas dans un backpacker : nous nous essayions au couch surfing. C’est un peu comme loger chez l’habitant dans Pékin Express : on découvre les coutumes locales, on s’émeut de l’hospitalité des « locaux ». Mais bon, en plus improved quoi : trois gars complètement délurés avaient posté une annonce sur le web à laquelle nous avions répondu. Après un court trajet en taxi nous étions donc à la porte de ces garçons (dont hélas, j’ai déjà oublié les prénoms… Faisons comme si mon comportement erratique de ces dernières semaines n’existait pas…), qui n’étaient en fait que deux. Une grande maison, des canapés volonté et un froid glacial dans toutes les pièces.
C’était sans aucun doute l’un des aspects les plus réjouissants du voyage. Non, pas le froid non (vous m'avez vu?). Je parlais bien de l'hospitalité des jeunes ACT-yens. Nous étions complètement immergés dans le mode de vie des jeunes de ACT (Australian Capital Territory) : house party le jour même de notre arrivée (à nous faire griller les miches sur un brasero géant. Autant dire qu’il a fallut m’arracher de force à ce brasier. Je m’y étais collée à me faire décoller les semelles de mes ballerines), soirée dans les pubs et boîtes du Civic (que j’ai lâchement évité, tombant de fatigue, je m’étais refugiée au fin fond de ma couette pendant que tous les autres « sortaient »). C’était aussi l’occasion de cuisiner une omelette avec eux, puis de leur préparer les fameuses pancakes à la Brian, le jour de notre départ.
Cheap, convivial, une expérience vraiment chouette. Certes, on peut aussi tomber sur n’importe quoi. Les français, embarquésen NZ en ce moment même, ne sont pas restés chez leurs couch-hôtes plus d’une heure. Pourquoi ? Suspens. On nous a promis une belle histoire à leur retour. Nous, les exilés de Sydney, nous l’attendons toujours.
Du tourisme à Canberra :
Hormis les sorties avec les Canbéréens, nous avons quand même fait un peu de tourisme à Canberra. Il nous a fallut une grosse matinée pour faire tous les points touristiques de la ville :
- Parlement : perché sur une colline, surplombant la ville. Un gros bunker d’acier, dont les couloirs sont désespérément vides et les salles principales du Sénat et de la Chambre des Représentants sont respectivement d’un vert d’eau dégueu et d’un roseâtre suspect.
- Gallérie d’art nationale : quelques Monets sympas, beaucoup d’art contemporain mystérieux et une aile aborigène pleine de petits points blancs. Ok je suis cynique. Ce n’était pas si mauvais.
- War Memorial : la plus grosse blague de l’histoire de l’humanité. Un édifice monumental, beau et majestueux, commémorant les 100 000 morts Australiens dans toutes les guerres. Certes, les morts ne se comptent pas, et ne se comparent pas. Mais tout le tatouin autour de l’ANZAC semble presque ridicule quand on sait que l’URSS seule a perdu plus de 20 millions de soldats dans la Seconde Guerre Mondiale. On ne commémore que ce qu’on a à commémorer : soit pas grand chose.
- Botanic Gardens : ils avaient l’air très beaux. Mais il nous avait fallut plus d’une heure pour les atteindre (à pied, on nous avait dit que c’était « près ») donc nous n’avions eu que le temps de visiter une serre. Devinez laquelle ? TASMANIA, EXPLORE THE POSSIBILITES ! Oui, 6 jours dans la crasse ne nous avaient pas suffit. On voulait retrouver la rainforest qui s’étale de l’autre côté du détroit de Bass.
Et puis c’est tout. On avait vite fait le tour, donc a passé note temps à marcher.
Emptiness : n’ayez pas peur du vide
C’est le sentiment général qui m’est resté après Canberra. Beaucoup de vide : des rues larges, des espaces verts inhabités, zéro passants, et des bretelles d’autoroutes autour du Civic.
Et surtout la légendaire précision des Australiens : « yeah mate, it’s really not far from here ! Like… 10 minutes? » 1h20 plus tard : « Ok les mecs, on n’y arrivera jamais. On laisse tomber, faisons autre chose » (extrait de notre FAILED ATTEMPT de rejoindre la colline surplombant Canberra. On a préféré se rabattre sur la serre tasmanienne des Botanic Gardens).
Ceci dit, ça ne m’a pas empêché de revenir à Canberra un mois plus tard. Toute une nouvelle aventure.
Canberra, c’est :
- Une ville en plein milieu du wild australien. « Nous arrivons à Canberra, veuillez ne rien laisser dans l’autocar ». Juliette : « Hein ?? Où ça Canberra ? On est en plein milieu d’un champ ! » Ah, attendez, je vois une maison… Non, deux !
- Autant dire : Canberra = un grand village (population : 200 000 habitants. Montpellier et une partie de son agglo donc… LOL).
- Beaucoup d’herbe, encore de l’herbe, du gazon et puis de l’herbe…
- Pas de boutiques/cafés/restaurants ouverts après 17h.
- Des bus circulant à intervalle d’une heure.
- La gallérie d’art la plus petite de l’histoire des galléries d’art (hormis peut-être le Nicholson Museum de Sydney Uni qui fait la taille monumentale… d’une pièce d’une trentaine de mètres carrés !).
- Des gens adorables, mais inexistants ! Croiser un homme (ou une femme) dans la rue relève de l’impossible.
- Aucun étudiant de Sciences Po en échange à ANU (et 3 en Tasmanie l’année prochaine, autant dire la honte. Régine, cette fois ci nous allons définitivement perde le partenariat avec Canberra!)
Alors pourquoi Canberra ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoiiiiiii ?
Parce que ce n’est pas loin de Sydney, trois heures en bus à peine. Parce que ce n’est pas cher. Et parce que ce serait dommage de ne pas visiter la vraie capitale de l’Australie, avant de partir.
Le lendemain de mon anniversaire donc, nous nous étions embarqués dans un petit voyage vers Canberra.
Des joies du couch surfing
Pour une fois nous ne logions pas dans un backpacker : nous nous essayions au couch surfing. C’est un peu comme loger chez l’habitant dans Pékin Express : on découvre les coutumes locales, on s’émeut de l’hospitalité des « locaux ». Mais bon, en plus improved quoi : trois gars complètement délurés avaient posté une annonce sur le web à laquelle nous avions répondu. Après un court trajet en taxi nous étions donc à la porte de ces garçons (dont hélas, j’ai déjà oublié les prénoms… Faisons comme si mon comportement erratique de ces dernières semaines n’existait pas…), qui n’étaient en fait que deux. Une grande maison, des canapés volonté et un froid glacial dans toutes les pièces.
C’était sans aucun doute l’un des aspects les plus réjouissants du voyage. Non, pas le froid non (vous m'avez vu?). Je parlais bien de l'hospitalité des jeunes ACT-yens. Nous étions complètement immergés dans le mode de vie des jeunes de ACT (Australian Capital Territory) : house party le jour même de notre arrivée (à nous faire griller les miches sur un brasero géant. Autant dire qu’il a fallut m’arracher de force à ce brasier. Je m’y étais collée à me faire décoller les semelles de mes ballerines), soirée dans les pubs et boîtes du Civic (que j’ai lâchement évité, tombant de fatigue, je m’étais refugiée au fin fond de ma couette pendant que tous les autres « sortaient »). C’était aussi l’occasion de cuisiner une omelette avec eux, puis de leur préparer les fameuses pancakes à la Brian, le jour de notre départ.
Cheap, convivial, une expérience vraiment chouette. Certes, on peut aussi tomber sur n’importe quoi. Les français, embarquésen NZ en ce moment même, ne sont pas restés chez leurs couch-hôtes plus d’une heure. Pourquoi ? Suspens. On nous a promis une belle histoire à leur retour. Nous, les exilés de Sydney, nous l’attendons toujours.
Du tourisme à Canberra :
Hormis les sorties avec les Canbéréens, nous avons quand même fait un peu de tourisme à Canberra. Il nous a fallut une grosse matinée pour faire tous les points touristiques de la ville :
- Parlement : perché sur une colline, surplombant la ville. Un gros bunker d’acier, dont les couloirs sont désespérément vides et les salles principales du Sénat et de la Chambre des Représentants sont respectivement d’un vert d’eau dégueu et d’un roseâtre suspect.
- Gallérie d’art nationale : quelques Monets sympas, beaucoup d’art contemporain mystérieux et une aile aborigène pleine de petits points blancs. Ok je suis cynique. Ce n’était pas si mauvais.
- War Memorial : la plus grosse blague de l’histoire de l’humanité. Un édifice monumental, beau et majestueux, commémorant les 100 000 morts Australiens dans toutes les guerres. Certes, les morts ne se comptent pas, et ne se comparent pas. Mais tout le tatouin autour de l’ANZAC semble presque ridicule quand on sait que l’URSS seule a perdu plus de 20 millions de soldats dans la Seconde Guerre Mondiale. On ne commémore que ce qu’on a à commémorer : soit pas grand chose.
- Botanic Gardens : ils avaient l’air très beaux. Mais il nous avait fallut plus d’une heure pour les atteindre (à pied, on nous avait dit que c’était « près ») donc nous n’avions eu que le temps de visiter une serre. Devinez laquelle ? TASMANIA, EXPLORE THE POSSIBILITES ! Oui, 6 jours dans la crasse ne nous avaient pas suffit. On voulait retrouver la rainforest qui s’étale de l’autre côté du détroit de Bass.
Et puis c’est tout. On avait vite fait le tour, donc a passé note temps à marcher.
Emptiness : n’ayez pas peur du vide
C’est le sentiment général qui m’est resté après Canberra. Beaucoup de vide : des rues larges, des espaces verts inhabités, zéro passants, et des bretelles d’autoroutes autour du Civic.
Et surtout la légendaire précision des Australiens : « yeah mate, it’s really not far from here ! Like… 10 minutes? » 1h20 plus tard : « Ok les mecs, on n’y arrivera jamais. On laisse tomber, faisons autre chose » (extrait de notre FAILED ATTEMPT de rejoindre la colline surplombant Canberra. On a préféré se rabattre sur la serre tasmanienne des Botanic Gardens).
Ceci dit, ça ne m’a pas empêché de revenir à Canberra un mois plus tard. Toute une nouvelle aventure.
mardi 12 avril 2011
Sydney of Blinding Lights
En descendant du bus à Circular Quay, la nuit tombée (certes il n’est que 19h mais les horloges ont été remises à l’heure d’hiver alors on pleure tous sur le coucher du soleil qui se pointe à 17h30 pile), on est éblouis par les lumières. Le pont est plus vif qu’un sapin de Noël, le CBD est illuminé de milles couleurs et de l’autre côté du Harbour Bridge, la face géante du clown souriant irradie de feux. Les lumières tamisées de l’Opera House se mélangent aux vives lumières des derniers ferrys qui traversent la baie.
Mais loin d’être vulgaire, Sydney est magnifique. Qui conque n’est jamais revenu de l’Opera House et ne s’est pas senti minuscule devant les immenses buildings, qui règnent sur la baie, n’a jamais rien compris à Sydney.
Bon j’avoue, je ne fous pas les pieds à Circular Quay tous les jours. Les services de bus de Sydney en sont en partie responsables (il m’a quand même fallut plus d’une heure pour faire quatre malheureux kilomètres reliant King St à Circular Quay et je pense sérieusement que j’aurais été plus vite en marchant entre Townhall et Circular Quay. Mais je sais qu’à ce stade, j’ai déjà perdu mon lecteur entre les délicieux noms de Quay, Townhall et compagnie, donc j’arrête). Et puis bon, j’ai déjà un panache bien fourni de photos de l’Opera House (de jour, de nuit, face, profil, avec moi devant, avec des inconnus devant, en détail, en gros plan) donc je pense avoir suffisamment arpenté les environs de l’Opéra.
En revanche, je ne m’étais jamais aventurée au delà des toilettes de l’Opéra. Très belles au passage, avec lumières tamisées, cabines légèrement ondulées, et fontaines de granit, servant de lavabo. On s’y sent petit, on s’y sent déplacé avec notre jean dégueu et nos cheveux mal coiffés. Comme si ces toilettes ne pouvaient être arpentés que par des dames d’âge moyen, à la coiffure impeccable et aux petits souliers vernis, de sortie à l’opéra avec leurs vieux maris, venues se repoudrer le nez (en vérité c’est plutôt se remettre du rouge à lèvres. Faisons tomber le mythe : personne ne se repoudre le nez, depuis à peu près 40 ans déjà…).
Aujourd’hui, en exclusivité, alléluia, j’ai pu franchir les portes du paradis. Il m’a suffit de brandir mon petit ticket (qui m’a coûté bonbon) pour accéder à l’intérieur de l’opéra. Une série de couloirs et d’escaliers en colimaçons, entièrement recouverts de velours rouge mènent à une salle très mignonne, assez grande pour un opéra mais parfaite pour un ballet. En étant assise tout en haut, je pouvais distinguer le visage décomposé de Madame Butterfly lorsqu’elle apprenait que son colonel s’en était allé épouser une Barbie aux pays de la bannière étoilée. A Bastille, assise à une place équivalente je n’aurais même pas pu différencier Butterfly du colonel, hein. Sans vouloir cracher !).
Petite étude sociologique : à Garnier ou Bastille, tant qu’on ne vient pas en bikini, tout le monde se fout de notre style vestimentaire. Mais le petit dépliant qui est arrivé dans ma boite aux lettres avec le ticket pour le ballet, faisait cette adorable comparaison : « Imagine you are going to a nice restaurant ». Tu parles ! Robes en strass, Louboutins aux pieds, boucles soigneusement spayés et maquillage impeccable (ment proéminent). Non, je ne me suis pas sentie aussi décalée que dans les toilettes, je vous rassure. J’avais anticipé (on est parisienne, d’adoption, ou on ne l’est pas). L’Australie, toujours dans la sur-mesure. Mais le tout avait un petit aspect posh un peu sympa. Le temps de deux heures je me suis sentie de la haute société australienne. L.O.L. (oui la question est : existe-t-elle vraiment ??).
Pendant deux heures, madame Butterfly a sauté, couru, rampé à genoux, agité un éventail immaculé et a fini par se planter une épée dans le ventre. Morale de l’histoire ?
1. Le suicide est héréditaire (son père avait bien fini par se suicider, ce qui lui a valut de finir geisha).
2. Quelque soit l’époque, et le temps, les hommes sont cons.
3. Ne jamais se marier avec le soldat ennemi. Il finira toujours par rentrer épouser sa Barbie.
Si on enlève mon cynisme, c’était une histoire magnifique. Pleine de tons doux, clairs, de vapeur et d’éventails. Des kimonos aux traînes infinies, qui me faisaient trembler à chaque fois que les pointes de Butterfly s’y emmêlaient, des ombres chinoises suggestives, et du sang sur la scène à la fin. Magique ! Dieu merci, Butterfly, maculée de sang, revient d’entre les morts pour le salut.
Un détour par l’opéra de Sydney en valait vraiment le coup. Même si Butterfly m’a rappelé les méandres de Célia, Irmaa et Emir. Mais en plus dramatique, Irmaa ne se planterait surement pas un katana dans le ventre, pour les beaux yeux d’Emir. Hein.
Random P. P. S. (le premier était composé des aventures de E., I. et C.) : 30 mars 2011 (oui, la veille de mes 22 ans), mon euhntégé m’envoie ceci :
« Mademoiselle,
Vous avez émis le souhait de rejoindre l'Ecole de la Communication en première année à la rentrée 2011-2012 et nous vous en remercions.
Nous avons le plaisir de vous annoncer que votre candidature a été retenue et vous demandons de bien vouloir confirmer votre choix de master les 4 et 5 avril sur votre espace Sciences po.
Bien à vous.
Jean-Michel Carlo »
Merci de confirmer une inscription dans un master non sélectif hein. La morale de l’histoire (il y a une toujours une morale) c’est que je suis encore plus volage que tous mes ex réunis. Eh oui, après avoir défendu le journalisme corps et âme, pendant… 7 ans (?), j’abandonne lâchement mes idéaux. Finalement, Darwin avait raison : je suis un être rationnel. Les déboires amoureux ouvrent toujours les yeux sur la vie (enfin je ne dirai pas ça quand je serai en train d’écouter Latour et ses controverses blablabla).
Enfin. Vaut mieux ouvrir les yeux tard que jamais.
Et comme dirait si bien JMC, l’Australie… ce beau pays émergent !
Mais loin d’être vulgaire, Sydney est magnifique. Qui conque n’est jamais revenu de l’Opera House et ne s’est pas senti minuscule devant les immenses buildings, qui règnent sur la baie, n’a jamais rien compris à Sydney.
Bon j’avoue, je ne fous pas les pieds à Circular Quay tous les jours. Les services de bus de Sydney en sont en partie responsables (il m’a quand même fallut plus d’une heure pour faire quatre malheureux kilomètres reliant King St à Circular Quay et je pense sérieusement que j’aurais été plus vite en marchant entre Townhall et Circular Quay. Mais je sais qu’à ce stade, j’ai déjà perdu mon lecteur entre les délicieux noms de Quay, Townhall et compagnie, donc j’arrête). Et puis bon, j’ai déjà un panache bien fourni de photos de l’Opera House (de jour, de nuit, face, profil, avec moi devant, avec des inconnus devant, en détail, en gros plan) donc je pense avoir suffisamment arpenté les environs de l’Opéra.
En revanche, je ne m’étais jamais aventurée au delà des toilettes de l’Opéra. Très belles au passage, avec lumières tamisées, cabines légèrement ondulées, et fontaines de granit, servant de lavabo. On s’y sent petit, on s’y sent déplacé avec notre jean dégueu et nos cheveux mal coiffés. Comme si ces toilettes ne pouvaient être arpentés que par des dames d’âge moyen, à la coiffure impeccable et aux petits souliers vernis, de sortie à l’opéra avec leurs vieux maris, venues se repoudrer le nez (en vérité c’est plutôt se remettre du rouge à lèvres. Faisons tomber le mythe : personne ne se repoudre le nez, depuis à peu près 40 ans déjà…).
Aujourd’hui, en exclusivité, alléluia, j’ai pu franchir les portes du paradis. Il m’a suffit de brandir mon petit ticket (qui m’a coûté bonbon) pour accéder à l’intérieur de l’opéra. Une série de couloirs et d’escaliers en colimaçons, entièrement recouverts de velours rouge mènent à une salle très mignonne, assez grande pour un opéra mais parfaite pour un ballet. En étant assise tout en haut, je pouvais distinguer le visage décomposé de Madame Butterfly lorsqu’elle apprenait que son colonel s’en était allé épouser une Barbie aux pays de la bannière étoilée. A Bastille, assise à une place équivalente je n’aurais même pas pu différencier Butterfly du colonel, hein. Sans vouloir cracher !).
Petite étude sociologique : à Garnier ou Bastille, tant qu’on ne vient pas en bikini, tout le monde se fout de notre style vestimentaire. Mais le petit dépliant qui est arrivé dans ma boite aux lettres avec le ticket pour le ballet, faisait cette adorable comparaison : « Imagine you are going to a nice restaurant ». Tu parles ! Robes en strass, Louboutins aux pieds, boucles soigneusement spayés et maquillage impeccable (ment proéminent). Non, je ne me suis pas sentie aussi décalée que dans les toilettes, je vous rassure. J’avais anticipé (on est parisienne, d’adoption, ou on ne l’est pas). L’Australie, toujours dans la sur-mesure. Mais le tout avait un petit aspect posh un peu sympa. Le temps de deux heures je me suis sentie de la haute société australienne. L.O.L. (oui la question est : existe-t-elle vraiment ??).
Pendant deux heures, madame Butterfly a sauté, couru, rampé à genoux, agité un éventail immaculé et a fini par se planter une épée dans le ventre. Morale de l’histoire ?
1. Le suicide est héréditaire (son père avait bien fini par se suicider, ce qui lui a valut de finir geisha).
2. Quelque soit l’époque, et le temps, les hommes sont cons.
3. Ne jamais se marier avec le soldat ennemi. Il finira toujours par rentrer épouser sa Barbie.
Si on enlève mon cynisme, c’était une histoire magnifique. Pleine de tons doux, clairs, de vapeur et d’éventails. Des kimonos aux traînes infinies, qui me faisaient trembler à chaque fois que les pointes de Butterfly s’y emmêlaient, des ombres chinoises suggestives, et du sang sur la scène à la fin. Magique ! Dieu merci, Butterfly, maculée de sang, revient d’entre les morts pour le salut.
Un détour par l’opéra de Sydney en valait vraiment le coup. Même si Butterfly m’a rappelé les méandres de Célia, Irmaa et Emir. Mais en plus dramatique, Irmaa ne se planterait surement pas un katana dans le ventre, pour les beaux yeux d’Emir. Hein.
Random P. P. S. (le premier était composé des aventures de E., I. et C.) : 30 mars 2011 (oui, la veille de mes 22 ans), mon euhntégé m’envoie ceci :
« Mademoiselle,
Vous avez émis le souhait de rejoindre l'Ecole de la Communication en première année à la rentrée 2011-2012 et nous vous en remercions.
Nous avons le plaisir de vous annoncer que votre candidature a été retenue et vous demandons de bien vouloir confirmer votre choix de master les 4 et 5 avril sur votre espace Sciences po.
Bien à vous.
Jean-Michel Carlo »
Merci de confirmer une inscription dans un master non sélectif hein. La morale de l’histoire (il y a une toujours une morale) c’est que je suis encore plus volage que tous mes ex réunis. Eh oui, après avoir défendu le journalisme corps et âme, pendant… 7 ans (?), j’abandonne lâchement mes idéaux. Finalement, Darwin avait raison : je suis un être rationnel. Les déboires amoureux ouvrent toujours les yeux sur la vie (enfin je ne dirai pas ça quand je serai en train d’écouter Latour et ses controverses blablabla).
Enfin. Vaut mieux ouvrir les yeux tard que jamais.
Et comme dirait si bien JMC, l’Australie… ce beau pays émergent !
dimanche 27 mars 2011
Randomly Yours
Finalement, je n’aurais pas été piétinée à la Parade de Mardi Gras (et pourtant il y avait du potentiel vu mon ma taille réduite et la foule alcoolisée qui errait dans les rues) et j’ai tellement manqué de motivation ces derniers temps que l’on ne m’a pas beaucoup vu par ici. En mois plus précisément, shame on me.
L’heure du bilan a sonné. Nous voilà devant des choix de master, des entretiens d’orientation, des lettres de motivation et des CV à tout va. On exige de nous des rapports de séjour d’études, alors qu’un quart de l’année est encore devant nous. Et pourtant ce n’est aussi qu’une centaine de jours. Le compte à rebours est lancé.
Alors après avoir blablaté indéfiniment sur mes voyages et mes (maigres) expériences, je me suis dit qu’après tout, je pourrais parler des gens. Oui, oui on connaît le discours de 3A : des rencontres inoubliables, des moments d’exception, des instants magiques … (on dirait une mauvaise campagne de pub). La réalité est toute autre, ami voyageur, étudiant des contrées lointaines. Même à l’autre bout du monde, les gens sont des cons.
Loin de vouloir insulter les charmants Australiens. Certes, je pourrai redire sur leur style vestimentaire et sur leur culture quelque peu… éloignée des réalités internationales. Mais cela ne suffit pas pour condamner un peuple tout entier. Non les cons, aussi surprenant que c’est, ce sont les français. Même à l’autre bout du monde, on trouve le moyen d’être surpris, déçus, dégoutés par des gens. La belle expérience, les moments magiques, tout ce blabla écœurant et dégoulinant d’hypocrisie ne prend tout son sens que lorsqu’il est contrasté à la réalité.
La 3A n’est pas une ouverture. En tout cas pas à Sydney. A Sydney, la 3A est un vase clos, un cercle restreint parmi lequel les gens s’échangent comme de vulgaires objets, les amitiés se trahissent et s’oublient. On peut pleurer, s’énerver, taper du poing et hurler. Mais rien n’y fait.. On pense toujours connaître les gens jusqu’au jour où ils nous trahissent. Comme chantait Tarja Turuen :
Old loves they die hard. Old lies, they die harder.
Faisons tomber le mythe des rencontres inoubliables de la 3A. Cette année, aussi magique soit elle, n’est pas une année passée au pays des petits poneys. Comme dans chaque endroit les rivalités et les égoïsmes s'immiscent partout. Que faire ? Supporter stoïquement. Quoi qu’il en soit, je ne serai jamais une femme aigrie. Encore moins une jeune femme aigrie. Donc passons.
Hey baby, du siehst so gut aus !
Hey Babe, you look so good ! Tous les matins, on m’annonce que je suis une bonnasse (bon ok c’est la seule traduction française qu’on a trouvé avec Clément) alors que je descends dans le salon en pyjama, les cheveux en pétard et un fond de thé dans mon mug. Merci Georgie, d’avoir violé l’intégrité de notre radiateur mural en griffonnant dessus. C’est bien la seule chose que je sais dire en allemand. Mais damn, elle déchire cette phrase !
Bon avouons le, je n’ai pas grand chose à raconter. Alors à dépit d’avoir un vrai sujet, je m’en vais déverser les détails (non mélodramatiques, promis) de ma vie.
Avouons le, ma vie se résume principalement aux quatre pauvres cours que je suis fidèlement. N’empêche, je me sens hautement intelligente. Je passe avec aisance de Eltsine et ses catastrophes institutionalo-écono-alcoolique de 1993 aux détails raffinés des fresques de Giotto, ce « père de l’art moderne occidental » (dont seuls les italiens, avouons le, en parlent). Il y a d’ailleurs une magnifique petite église à Assisi (Assise en français) d’où venait ce bon vieux François, un fils à papa qui avait décidé dans un élan de stupidité de renier son héritage pour s’en aller prêcher dans la rue à des vieillards édentés. Son succès a valut à Franky de se faire enterrer dans une crypte dégoulinante d’humidité, en plein milieu de la nuit, pour échapper à une foule de fanatiques en rut, venus arracher un orteil au stigmatisé pour s’assurer une vie pleine de prospérité. Entre nous, ce comportement transpire le paganisme. Sachant que cette fiesta se déroulait dans une Italie médiévale hautement papalisée… il y a de quoi se poser des questions ! Mais Giotto donc (car Franky, on en a rien à battre. Son seul intérêt est d’être mort célèbre et d’avoir reçu en cadeau d’admission au paradis une église somptueuse où le grand maître Giotto était venu s’afficher). Si seulement c’était Giotto qui avait peint cette église. Car oui nous étudions Assisi comme exemple de l’art giottesque, alors même qu’elle n’est pas de lui. Ah les méandres des enseignements sydnéyens…
Pour me sentir plus intelligente encore, j’use les bancs d’une classe d’italien quatre heures par semaine (comme ça je sais que fresque vient de fresco, « frais » en italien. Vlan, dans les dents ! ça c’est de la culture G, mon ami). Et si le temps ne me manque pas, je fais des projets de marketing et je reçois des petites étoiles, dessinées soigneusement au marker sur mon bureau en récompense(j’aime les méthodes pédagogiques de Sydney Uni. Un délice).
By the way, l’autre jour j’ai ressorti mon fond de gel douche indonésien (pas par nostalgie je vous rassure !). Senteur : Japanese Spa. Bon quand je me douchai au fin fond de la jungle mundukienne, parmi les fourmis et les araignées géantes, je me sentais bien éloignée de l’ambiance spa. J’ai porté cette senteur telle une fragrance (ouais en fait, je lavais mes fringues avec mon gel douche, à défaut d’avoir de la lessive, qu’on avait paumé au détour d’un bemo) pendant un mois entier. Que de souvenirs !
Enfin, je vous laisse là. Je m’en vais sucer des zubaduba (en réalité ce sont des zuper-duba, mais c’est tellement plus cool de dire ZUBADUBA !!), soit des mister freeze locaux, avec Miss Georgina Smith, l’incroyable trublion qui vit avec moi et que j’adore déjà.
Cadeau, une photo de mon salon et de ma chambre!
Cadeau bis, un extrait des Autumn Monologues de From Autumn to Ashes. On avait fait un jeu une fois, en citant toutes les chansons qui illustraient nos vies. En voilà un de plus:
"Here I'm pinned between darkness and light
Bleached and blinded by these nights
Where I'm tossing and tortured 'til dawn
By you, visions of you then you're gone.
The shock bleeds the red from my face
When I hear someone's taken my place"
L’heure du bilan a sonné. Nous voilà devant des choix de master, des entretiens d’orientation, des lettres de motivation et des CV à tout va. On exige de nous des rapports de séjour d’études, alors qu’un quart de l’année est encore devant nous. Et pourtant ce n’est aussi qu’une centaine de jours. Le compte à rebours est lancé.
Alors après avoir blablaté indéfiniment sur mes voyages et mes (maigres) expériences, je me suis dit qu’après tout, je pourrais parler des gens. Oui, oui on connaît le discours de 3A : des rencontres inoubliables, des moments d’exception, des instants magiques … (on dirait une mauvaise campagne de pub). La réalité est toute autre, ami voyageur, étudiant des contrées lointaines. Même à l’autre bout du monde, les gens sont des cons.
Loin de vouloir insulter les charmants Australiens. Certes, je pourrai redire sur leur style vestimentaire et sur leur culture quelque peu… éloignée des réalités internationales. Mais cela ne suffit pas pour condamner un peuple tout entier. Non les cons, aussi surprenant que c’est, ce sont les français. Même à l’autre bout du monde, on trouve le moyen d’être surpris, déçus, dégoutés par des gens. La belle expérience, les moments magiques, tout ce blabla écœurant et dégoulinant d’hypocrisie ne prend tout son sens que lorsqu’il est contrasté à la réalité.
La 3A n’est pas une ouverture. En tout cas pas à Sydney. A Sydney, la 3A est un vase clos, un cercle restreint parmi lequel les gens s’échangent comme de vulgaires objets, les amitiés se trahissent et s’oublient. On peut pleurer, s’énerver, taper du poing et hurler. Mais rien n’y fait.. On pense toujours connaître les gens jusqu’au jour où ils nous trahissent. Comme chantait Tarja Turuen :
Old loves they die hard. Old lies, they die harder.
Faisons tomber le mythe des rencontres inoubliables de la 3A. Cette année, aussi magique soit elle, n’est pas une année passée au pays des petits poneys. Comme dans chaque endroit les rivalités et les égoïsmes s'immiscent partout. Que faire ? Supporter stoïquement. Quoi qu’il en soit, je ne serai jamais une femme aigrie. Encore moins une jeune femme aigrie. Donc passons.
Hey baby, du siehst so gut aus !
Hey Babe, you look so good ! Tous les matins, on m’annonce que je suis une bonnasse (bon ok c’est la seule traduction française qu’on a trouvé avec Clément) alors que je descends dans le salon en pyjama, les cheveux en pétard et un fond de thé dans mon mug. Merci Georgie, d’avoir violé l’intégrité de notre radiateur mural en griffonnant dessus. C’est bien la seule chose que je sais dire en allemand. Mais damn, elle déchire cette phrase !
Bon avouons le, je n’ai pas grand chose à raconter. Alors à dépit d’avoir un vrai sujet, je m’en vais déverser les détails (non mélodramatiques, promis) de ma vie.
Avouons le, ma vie se résume principalement aux quatre pauvres cours que je suis fidèlement. N’empêche, je me sens hautement intelligente. Je passe avec aisance de Eltsine et ses catastrophes institutionalo-écono-alcoolique de 1993 aux détails raffinés des fresques de Giotto, ce « père de l’art moderne occidental » (dont seuls les italiens, avouons le, en parlent). Il y a d’ailleurs une magnifique petite église à Assisi (Assise en français) d’où venait ce bon vieux François, un fils à papa qui avait décidé dans un élan de stupidité de renier son héritage pour s’en aller prêcher dans la rue à des vieillards édentés. Son succès a valut à Franky de se faire enterrer dans une crypte dégoulinante d’humidité, en plein milieu de la nuit, pour échapper à une foule de fanatiques en rut, venus arracher un orteil au stigmatisé pour s’assurer une vie pleine de prospérité. Entre nous, ce comportement transpire le paganisme. Sachant que cette fiesta se déroulait dans une Italie médiévale hautement papalisée… il y a de quoi se poser des questions ! Mais Giotto donc (car Franky, on en a rien à battre. Son seul intérêt est d’être mort célèbre et d’avoir reçu en cadeau d’admission au paradis une église somptueuse où le grand maître Giotto était venu s’afficher). Si seulement c’était Giotto qui avait peint cette église. Car oui nous étudions Assisi comme exemple de l’art giottesque, alors même qu’elle n’est pas de lui. Ah les méandres des enseignements sydnéyens…
Pour me sentir plus intelligente encore, j’use les bancs d’une classe d’italien quatre heures par semaine (comme ça je sais que fresque vient de fresco, « frais » en italien. Vlan, dans les dents ! ça c’est de la culture G, mon ami). Et si le temps ne me manque pas, je fais des projets de marketing et je reçois des petites étoiles, dessinées soigneusement au marker sur mon bureau en récompense(j’aime les méthodes pédagogiques de Sydney Uni. Un délice).
By the way, l’autre jour j’ai ressorti mon fond de gel douche indonésien (pas par nostalgie je vous rassure !). Senteur : Japanese Spa. Bon quand je me douchai au fin fond de la jungle mundukienne, parmi les fourmis et les araignées géantes, je me sentais bien éloignée de l’ambiance spa. J’ai porté cette senteur telle une fragrance (ouais en fait, je lavais mes fringues avec mon gel douche, à défaut d’avoir de la lessive, qu’on avait paumé au détour d’un bemo) pendant un mois entier. Que de souvenirs !
Enfin, je vous laisse là. Je m’en vais sucer des zubaduba (en réalité ce sont des zuper-duba, mais c’est tellement plus cool de dire ZUBADUBA !!), soit des mister freeze locaux, avec Miss Georgina Smith, l’incroyable trublion qui vit avec moi et que j’adore déjà.
Cadeau, une photo de mon salon et de ma chambre!
Cadeau bis, un extrait des Autumn Monologues de From Autumn to Ashes. On avait fait un jeu une fois, en citant toutes les chansons qui illustraient nos vies. En voilà un de plus:
"Here I'm pinned between darkness and light
Bleached and blinded by these nights
Where I'm tossing and tortured 'til dawn
By you, visions of you then you're gone.
The shock bleeds the red from my face
When I hear someone's taken my place"
Inscription à :
Articles (Atom)