mercredi 30 novembre 2011

Overdose de Gelati & Dolce Vita (part 2)

Mardi 12 juillet 2011

Dans la matinée, Mario (le vrai, l’italien) nous amène en voiture faire un tour à Pérouse, puisque depuis hier nous arpentons l’Ombrie, région de Saint François, et accessoirement l’un des endroits les plus chauds d’Italie (au sens littéral, hélas). Il y fait tellement chaud que nos têtes girano très vite (chaleur + petit déjeuner ultra copieux + conduite effrénée entre Deruta et Pérouse). On s’est quand même raffraichis dans la ville souterraine de Pérouse et le puits étrusque. Interesting.

De retour à la maison, la nonna Maria nous prépare un repas (un gavage plutôt non ? Je me suis un peu sentie à la place des pauvres oies, à la veille de Noël ou de la Thanksgiving) d’un niveau que mêmes mes orgies alimentaires de sydney-sider n’ont jamais atteint.
Au menu :
- Prosciutto e melone. C’est rigolo la veille ce même plat m’avait fait office d’entrée, plat et dessert ! Par temps de grande chaleur je ne peux ingurgiter que de l’eau, et à la rigueur quelques rares aliments (genre du gelato par exemple). Mais je ne m’attendais pas à ce que la corne d’abondance m’explose entre les mains à ce déjeuner ! Car voici ce qui a suivi :
- Tagliatelli : des pâtes, encore du jambon, tout très copieux (car selon les standards italiens je dois être à la limite de l’anorexie donc il faut me nourrir. Que dire alors de Marion, éternelle refusée des dons de sang, hein ?)
- Un rôti de porc
- Une salade de tomates
- Des dolce
- Des fruits
- Un café

A ce moment précis de la journée j’étais quelque part entre le coma post-orgiaque et un sommeil profond. Dieu merci, le limoncello a brûlé cet excès de calories dans mon corps et m’a permis d’envisager une hypothétique survie pour le restant de mon séjour à Deruta.

Marion et Maria ont donc migré vers la chambre à coucher où elles se sont adonnées à une sieste (la chaleur + les repas italiens démesurés nous ont forcé à abandonner l’idée de faire quoi que ce soit d’autre que dormir/écrire des notes de voyage de 14h à 17h).

La fin d’après-midi est consacrée à un pèlerinage : « sur les traces de Saint François ». On se fait une basilique, ou deux (il y fait frais !). Pendant que nous explorons les trésors d’Assise, Mario se tape la discute avec un Frère Fransicain (je kiff leurs tenues très folklo, cordelette à la ceinture et bure austère). La basilique de St François d’Assise est pour le coup vraiment très belle, et majestueuse. Je fais dix fois le tour, toujours aussi impressionnée de découvrir des lieux longtemps étudiés. Et dire qu’il m’a fallut partir à plus de 16 000 km de la France pour qu’une chercheuse australienne me fasse découvrir ces merveilles.

La journée se termine sur la découverte culinaire du siècle : ma première pizza (sans fromage). Maria, cet ange (malgré nos prénoms communs, je ne partage hélas pas son art de la bonne cuisine). J’ai même droit à une pizza aux pommes de terre. Oui, oui, féculent sur féculent. De quoi rajouter un ou deux kilos en plus sur ma balance déjà bien chargée. En même temps, espérer perdre les excès australiens au pays même de la bouffe, c’était plus qu’illusoire… Je refuse néanmoins de toucher au Magnum (aux amandes) qu’on me propose. Je ne peux endosser qu’un pécher capital par vie et le mien n’est pas la gourmandise.
Mais je ne clôturerai pas cette journée sans la question ENA du voyage. Marion possédant dans ses réserves des mots fléchés plus tordus les uns que les autres, on a eu droit à quelques beaux fous-rires. On retiendra, les « AUTOURS » pour les oiseaux de proie. En lisant la solution j’ai hurlé de rire, jusqu’à ce que le Larousse iPhone ne m’en bouche un coin : autours, oiseaux de proie selon la nomenclature française. RAPACE correspondait aussi en nombre de lettres… non ? Bon, tant pis.




Mercredi 13 juillet 2011



La matinée est consacrée à une visite tranquille du cœur historique de Deruta, la cité de la céramique. Il y en a partout, sur les devantures des magasins, dans les cours des maisons, sur les bancs et les tables publiques, et même sur les poubelles !! C’est un peu flippant mais en même temps très joli, propret. Le genre de lieu où jamais un touriste ne mettrait les pieds, et c’est ce qui rend l’endroit charmant.

On déjeune chez Renato et Rosa (dans cette famille ils ne se marient que si leurs initiales correspondent), les parents (je ne sais plus à quel degré) de Mario et Maria. Ils sont tout aussi accueillants et continuent à nous nourrir comme si Armaggeddon était pour demain !

La suite de journée retrouve les couleurs animées de notre voyage, après cette petite retraite I’Ombri-esque. Les inscriptions pédagogiques de Pipo étant ce mercredi 13 à 14h, ça sentait fort la galère ! Et galère ce fut. Le seul cybercafé de Pérouse était précisément fermé entre 13h et 15h. Or, pour qui connaît Pipo sait que les inscriptions pédagogiques se déroulent de 14h à 14h02 : deux minutes de stress intense, d’actualisations frénétiques et de pleurs. Impossible donc d’attendre 15h, à moins d’accepter un S1 de master invivable (du genre avec cours tous les jours à 8h du mat, le vendredi de 19h15 à 21h15 et autres joyeusetés). Et surtout, un bus devait nous amener à Napoli à 14h30.
J’ai donc du expliquer mon désastre à Mario, en un italien plus que chancelant, qui lui même a négocié dur avec l’italiana pour qu’elle laisse son cyber ouvert. Ce qu’elle fit, à notre plus grand soulagement.

J’ai frénétiquement attendu l’heure fatidique, pendant que Mario et Mario guettaient le bus. Puis ce fut course poursuite dans les rues de Pérouse (on avait fait le chemin la veille avec Mario pour me chronométrer… C’est qu’on est efficaces !), dans les escaliers tortueux, à deux doigts de renverser des mamies innocentes. Tout ça pour monter (à l’heure) dans un bus qui allait nous conduire, Marion et moi, vers la destination la plus improbable du monde.

Adieu Deruta, adieu Ombrie et bonjour NAPOLI (Naples pour les non italianophones).

Dans le bus on mange, on dors, on mange, on écoute de la musique, on mange à une station service…

L’arrivée à Naples est pittoresque (soyons sympa, j’aurais encore plusieurs jours pour me plaindre). La ville est moche, sale, bruyante. On nous largue en plein milieu d’une place géante, en travaux, où les voitures circulent dans tous les sens. On dirait la Paillade qu’on aurait transposé au Liban après la guerre et qu’on aurait ensuite relooké en mode « Indonésie ». Pas très charmant, quoi ! Nous sommes en petites robes légères, épaules et jambes nues, tirant des valises derrière nous. Le trottoir c’est presque Bali à sa plus belle heure. Nos pas nous conduisent via di Tribunali : on pénètre dans le centro storico de Naples. C’est le choc culturel, une baffe géante. Des immeubles hauts, élégants, parfois un peu penchés, débordants de suie et de saleté. Un chemin de Traverse qu’on aurait oublié de nettoyer pendant un millénaire (ou deux). Les scooters zigzaguent entre nous en klaxonant, les enfants crient, les ordures trainent (photos à l’appui !!) et les mecs torses nus nous observent. C’est le souk, c’est Bagdad, c’est l’enfer !

On se réfugie dans notre Bed & Breakfast qui traîne dans ce chaos grouillant. Rafaele, l’architecte trans (selon sa propre définition de lui même) nous accueille dans ce petit coin de paradis. Il nous rassure : Naples ne craint pas du tout (ouais… si tu le dis, mec !). On est des princesses sales, mal peignées, fatiguées ; mais des princesses quand même dans cette chambre décorée avec les peintures de la Villa dei Misteri de Pompéi.
La nuit venue, on s’aventure dehors, pour cueillir quelques denrées à manger. La queue interminable devant la célèbre pizzaria italienne nous décourage (j’aime pas les pizza de toute façon) et on se rabat sur une petite trattoria. Je veux désespérément des moules (j’en vois dans l’assiette de mon voisin) mais je ne sais pas comment ça se dit en italien… Je mange donc des pâtes (Naples m’intimide).

Au retour, nous voilà bloquées. La grille qui donne sur notre cour intérieure refuse de s’ouvrir. On passe cinq bonnes minutes à forcer, avant de comprendre que notre portail se trouve 10m plus haut dans la rue. LOL. Tout Naples doit rire de nous (car oui, ici, tout se sait !). On finit la journée par le mélodieux et gracieux « Elle va se taire la grosse ?? » de Marion, adressé à une Napolitaine qui s’obstine à gueuler à son balcon.

Mamma mia !!


Jeudi 14 juillet

16h : Après une…
« Finalement on a geeké ». Je ne sais pas trop ce qui s’est passé dans mes notes mais je semble avoir abandonné la volonté d’écrire à 16h.

0h46 : Naples me rend folle !!! En concentré, on retiendra :
• Que le centro storico de Naples est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO (on peut aussi déclasser des monuments, non ?)
• Que le MADRE (musée d’art contemporain) n’est trouvable qu’après 10 impasses. On est quelque part à mi chemin entre un labyrinthe géant, une course d’obstacles composé de poubelles éventrées et de linge pendu aux fenêtres, où on tente de survivre en évitant les motos effrénées. C’est pas drôle.
• Qu’il y à Naples plus d’églises et de cathédrales que de Napolitains (il faut bien que toute cette mafia aille racheter son âme quelque part. Ah pardon, Rafaele, c’est vrai j’oubliais, c’est « cliché »).
• Que le prince de Sansevro était fou (il n’y a qu’à voir ses « squelettes » précieusement conservés dans une « chapelle »).
• Que tout travail mérite salaire (manger + sieste + clim dans notre mini-suite paradisiaque après une matinée affreuse).
• Que le lungomare est le lieu de prédilection du jeune napolitain.

Un petit arrêt sur image : le jeune Napolitain. Il crache dans le bus (à deux centimètres de mes sandales impeccables, b…), se tatoue, hèle les passants de sa voix fluette, n’a que 11 ans. Il reste assis, se plait à ricaner en italien sans se douter que les deux pigeonnes touristes à ses côtés ont des rudiments d’italien. Mais le jeune Napolitain, aussi excédant soit-il, doit survivre dans le centro storico. Et rien que pour cela, on le pardonne.

• Qu’on ne peut manger des pizze (pluriel de pizza, en italien) senza formaggio en matant X-Men et se saoulant au Schweppes pour oublier la dureté de Naples, après l’élégance et le raffinement de Florence.
• Qu’on ne saura jamais si le tintamarre dans la rue à minuit était une célébration outre-alpine du 14 juillet, un affrontement de la Camorra, le début de la troisième guerre mondiale ou simplement l’œuvre du jeune napolitain qui s’essayait aux pétards.


Après ces sentiments, un peu de faits : on a en réalité arpenté TOUT le centro storico, pris un tramway très louche qui nous a largué en plein milieu d’une rue déserte qu’on a du remonter pendant une heure (véridique) pour arriver au bord de mer. Au passage, un pervers m’a attrapé par la main et a failli la perdre en même temps. On a flâné, admiré le Golfe de Naples et essayé de se prendre en photo avec le Vésuve (échec, on ne voyait hélas que nos têtes). On a traîné dans des jardins, avant de revenir vers le centro storico. On est enfin tombées sur un Indien à moitié à poil, qui ne parlait que anglais et qui d’une voix terrorisée nous a demandé son chemin, avant de nous mettre en garde : il a été agressé, il ne faut jamais traîner dans Naples, surtout quand on est des filles. Euuh… merci mec, comme si je n’étais pas déjà folle amoureuse de cette ville. Aie, aie, aie, on part quand déjà ? Pas tout de suite ? Bouhou.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire