mardi 12 avril 2011

Sydney of Blinding Lights

En descendant du bus à Circular Quay, la nuit tombée (certes il n’est que 19h mais les horloges ont été remises à l’heure d’hiver alors on pleure tous sur le coucher du soleil qui se pointe à 17h30 pile), on est éblouis par les lumières. Le pont est plus vif qu’un sapin de Noël, le CBD est illuminé de milles couleurs et de l’autre côté du Harbour Bridge, la face géante du clown souriant irradie de feux. Les lumières tamisées de l’Opera House se mélangent aux vives lumières des derniers ferrys qui traversent la baie.
Mais loin d’être vulgaire, Sydney est magnifique. Qui conque n’est jamais revenu de l’Opera House et ne s’est pas senti minuscule devant les immenses buildings, qui règnent sur la baie, n’a jamais rien compris à Sydney.

Bon j’avoue, je ne fous pas les pieds à Circular Quay tous les jours. Les services de bus de Sydney en sont en partie responsables (il m’a quand même fallut plus d’une heure pour faire quatre malheureux kilomètres reliant King St à Circular Quay et je pense sérieusement que j’aurais été plus vite en marchant entre Townhall et Circular Quay. Mais je sais qu’à ce stade, j’ai déjà perdu mon lecteur entre les délicieux noms de Quay, Townhall et compagnie, donc j’arrête). Et puis bon, j’ai déjà un panache bien fourni de photos de l’Opera House (de jour, de nuit, face, profil, avec moi devant, avec des inconnus devant, en détail, en gros plan) donc je pense avoir suffisamment arpenté les environs de l’Opéra.

En revanche, je ne m’étais jamais aventurée au delà des toilettes de l’Opéra. Très belles au passage, avec lumières tamisées, cabines légèrement ondulées, et fontaines de granit, servant de lavabo. On s’y sent petit, on s’y sent déplacé avec notre jean dégueu et nos cheveux mal coiffés. Comme si ces toilettes ne pouvaient être arpentés que par des dames d’âge moyen, à la coiffure impeccable et aux petits souliers vernis, de sortie à l’opéra avec leurs vieux maris, venues se repoudrer le nez (en vérité c’est plutôt se remettre du rouge à lèvres. Faisons tomber le mythe : personne ne se repoudre le nez, depuis à peu près 40 ans déjà…).

Aujourd’hui, en exclusivité, alléluia, j’ai pu franchir les portes du paradis. Il m’a suffit de brandir mon petit ticket (qui m’a coûté bonbon) pour accéder à l’intérieur de l’opéra. Une série de couloirs et d’escaliers en colimaçons, entièrement recouverts de velours rouge mènent à une salle très mignonne, assez grande pour un opéra mais parfaite pour un ballet. En étant assise tout en haut, je pouvais distinguer le visage décomposé de Madame Butterfly lorsqu’elle apprenait que son colonel s’en était allé épouser une Barbie aux pays de la bannière étoilée. A Bastille, assise à une place équivalente je n’aurais même pas pu différencier Butterfly du colonel, hein. Sans vouloir cracher !).

Petite étude sociologique : à Garnier ou Bastille, tant qu’on ne vient pas en bikini, tout le monde se fout de notre style vestimentaire. Mais le petit dépliant qui est arrivé dans ma boite aux lettres avec le ticket pour le ballet, faisait cette adorable comparaison : « Imagine you are going to a nice restaurant ». Tu parles ! Robes en strass, Louboutins aux pieds, boucles soigneusement spayés et maquillage impeccable (ment proéminent). Non, je ne me suis pas sentie aussi décalée que dans les toilettes, je vous rassure. J’avais anticipé (on est parisienne, d’adoption, ou on ne l’est pas). L’Australie, toujours dans la sur-mesure. Mais le tout avait un petit aspect posh un peu sympa. Le temps de deux heures je me suis sentie de la haute société australienne. L.O.L. (oui la question est : existe-t-elle vraiment ??).

Pendant deux heures, madame Butterfly a sauté, couru, rampé à genoux, agité un éventail immaculé et a fini par se planter une épée dans le ventre. Morale de l’histoire ?
1. Le suicide est héréditaire (son père avait bien fini par se suicider, ce qui lui a valut de finir geisha).
2. Quelque soit l’époque, et le temps, les hommes sont cons.
3. Ne jamais se marier avec le soldat ennemi. Il finira toujours par rentrer épouser sa Barbie.
Si on enlève mon cynisme, c’était une histoire magnifique. Pleine de tons doux, clairs, de vapeur et d’éventails. Des kimonos aux traînes infinies, qui me faisaient trembler à chaque fois que les pointes de Butterfly s’y emmêlaient, des ombres chinoises suggestives, et du sang sur la scène à la fin. Magique ! Dieu merci, Butterfly, maculée de sang, revient d’entre les morts pour le salut.

Un détour par l’opéra de Sydney en valait vraiment le coup. Même si Butterfly m’a rappelé les méandres de Célia, Irmaa et Emir. Mais en plus dramatique, Irmaa ne se planterait surement pas un katana dans le ventre, pour les beaux yeux d’Emir. Hein.


Random P. P. S. (le premier était composé des aventures de E., I. et C.) : 30 mars 2011 (oui, la veille de mes 22 ans), mon euhntégé m’envoie ceci :

« Mademoiselle,

Vous avez émis le souhait de rejoindre l'Ecole de la Communication en première année à la rentrée 2011-2012 et nous vous en remercions.

Nous avons le plaisir de vous annoncer que votre candidature a été retenue et vous demandons de bien vouloir confirmer votre choix de master les 4 et 5 avril sur votre espace Sciences po.

Bien à vous.


Jean-Michel Carlo »


Merci de confirmer une inscription dans un master non sélectif hein. La morale de l’histoire (il y a une toujours une morale) c’est que je suis encore plus volage que tous mes ex réunis. Eh oui, après avoir défendu le journalisme corps et âme, pendant… 7 ans (?), j’abandonne lâchement mes idéaux. Finalement, Darwin avait raison : je suis un être rationnel. Les déboires amoureux ouvrent toujours les yeux sur la vie (enfin je ne dirai pas ça quand je serai en train d’écouter Latour et ses controverses blablabla).

Enfin. Vaut mieux ouvrir les yeux tard que jamais.
Et comme dirait si bien JMC, l’Australie… ce beau pays émergent !