samedi 26 février 2011

« Mardi gras est une période festive chrétienne »

« qui marque, en apothéose, la fin de la « semaine des sept jours gras » autrefois appelés jours charnels. Cette période pendant laquelle on festoyait précède le mercredi des Cendres marquant le début du Carême. De nombreux carnavals ont lieu le Mardi gras. »


Merci Wikipédia.


Dimanche 20 février, c’était justement Mardi Gras à Sydney. On nous l’avait annoncé à grand coup de panneaux électriques, de lumières brillantes et d’affiches aux couleurs criardes. Le Victoria Park devait héberger cette manifestation hautement spirituelle.

On se souvient toujours du conseil de rentrée 2010 à propos de Victoria Park : jeunes internationaux, ne vous promenez pas seuls le soir dans le parc. Vous pourriez vous faire dépouiller par de jeunes errants d’origine hautement douteuse (Aborigène donc) qui peuplent le quartier voisin : Redfern.

Ah Redfern… C’est la hantise de tout Australien blond, fraichement diplômé de sa highschool banlieusarde, qui doit s’aventurer dans les abords de Sydney Uni. On entend bien des légendes à propos de Redfern. La gare, les Aborigènes, toussa, toussa. Meurtres, vols, viols même. Un véritable nid de voyous ! De quoi faire frémir toute mère (blonde) de bonne famille, élevant ses fils d’anciens bagnards dans la stricte tradition anglo-saxone. En fait Redfern est un petit quartier sympa comme tout, pas plus Aboriginalisé que les autres et pas plus dangereux que le reste de Sydney. Mais soit, je divague.

Revenons donc à Mardi Gras, Victoria Park et ses joyeusetés. Deux jours durant on a eu droit à des ballets de camions, d’hommes transpirants au soleil dans leurs petites vestes jaunes fluo de travailleurs municipaux, de pancartes et de publicité, de tentes montées en rang parfait entre deux pelouses. Ils nous ont mis le Park sens dessus-dessous pour Mardi Gras.

Le jour venu, au taquet, on s’est lancé. Nuls crêpes ou enfants déguisés en Cléopâtre, en robot ou en Mario dans le Victoria Park. Nul représentant de l’Eglise non plus (et Dieu sait que les Australiens aiment leurs évangélistes, leurs professions de foi et autres particularités chrétienesques. Il n’y a qu’à voir les This is Life, la bande de tarés qui sévit sur le campus et qui passe la moitié du semestre à distribuer des saucisses gratuites au déjeuner pour attirer dans ses rangs de potentiels fidèles. En fait des gens comme vous et moi, affamés entre deux cours, qui profitent de ce qu’on leur offre, sans daigner écouter les speeches sur la meilleure façon de lire son avenir dans ses propres crottes de nez, selon Jésus. Des arrivistes. Des opportunistes. Des hérétiques). Rien de tout ceci donc dans le Victoria Park.

On fouille nos sacs à l’entrée, on nous annonce gentiment que le BYO est interdit (on ne peut donc pas boire son propre alcool à l’événement. Damned ! Moi qui tenait à ma pinte comme tous les dimanches matin !!), on nous demande quelques piécettes de charité et puis on nous convie à écrire un petit mot sur un panneau géant « SAY SOMETHING » : « euuuuh… » Gros blanc. Je m’en vais m’inspirer de mes prédécesseurs.

« Live your life ! » « Be free !! » « Gay and Proud »

C’est pour la parade, me dit-on, pour répondre à mon regard interrogateur.
La parade ? Quelle parade ?

Celle de la gay pride, abrutie !

Ahhhh. Mais… et… et Mardi Gras ? Les crêpes ? Jésus ? Le Carême ? Toussa toussa ?


En fait je déconne. En y allant je savais très bien que c’était un jour célébrant la gay attitude. D’ailleurs ce n’était pas très difficile à deviner. Parmi la foule de badauds, on réussit à repérer quelques merveilles. Tel un stand qui propose aux jeunes étalons de tester leurs fluides. Moi aussi, j’ignore ce que cela signifie concrètement, hein. Je préfère ne pas savoir, je crois. Et vous non plus. Je dois quand même souligner qu’une foule conséquente entourait ce stand.

On y trouve aussi des hommes matures à moustache, déguisés en soubrettes, la Sydney Femme Guild (je ne sais pas pourquoi le nom est en français. La guilde ne comporte peut-être que des Françaises ? Mystère. J’avoue ne pas m’être aventurée trop près du stand), de jeunes parents avec enfants-poussettes-glaces profitant du spectacle, des autos tamponneuses (symbolisant le choc de la rencontre amoureuse peut-être ?), un stand d’acupuncture pour animaux (vaches, chevaux, poulets… il ne faudrait tout de même pas que nos animaux finissent par être trop stressés !), la société des gay nudistes (qui avaient quand même pour l’occasion revêtu de beaux strings rouges, histoire de ne pas choquer les jeunes parents avec enfants-poussettes-glaces). Entre autres.

Et puis bien sûr l’incontournable société des gays chrétiens ! Eux au moins se rattachaient à l’origine étymologique de ce Fair Day. Certes, je doute que Benoît XVI et ses cardinaux en jupette voient d’un très bon œil les gay christians. Mais on ne peut pas leur reprocher de ne pas être dans le thème !

Tout ça pour dire qu’en Australie, les évangélistes ont beau assiéger les campus universitaires, en nous matraquant à coup de « Jesus is Lord » sur des t-shirts vert criard, ils n’ont toujours rien compris aux principes du Christianisme.
A moins que nommer la pré-gay pride Mardi Gras ne soit qu’une très obvious provocation. Dans ce cas, chapeau bas les Australiens !

Je dis bien pré-gay pride parce que le vrai événement culturel de Sydney n’est pas le miteux Fair Day du Victoria Park, mais la méga parade du 5 mars, se déroulant à Oxford St, le quartier définitivement labélisé GAY par le monde entier. A défaut d’avoir des expositions artistiques palpitantes, des concerts assourdissants, Sydney héberge cette géante gay pride (ainsi que le Flu Tag de Redbull). C’est ce qu’on appelle une vraie culture underground. C’est beau, c’est grand (grandiose même), c’est Sydney.

De quoi me faire un autre article (si je ne me fais pas piétiner entre deux chars à la gay pride, samedi prochain).

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