dimanche 11 décembre 2011

Overdose de Gelati & Dolce Vita (part 3)

Vendredi 15 juillet 2011

On se réveille (hélas toujours) à Naples et on décide de mettre à profit notre dernière matinée dans ce purgatoire pour visiter un musée. J’étais franchement sceptique (il peut y avoir des choses intéressantes à Naples ? Vraiment ?) mais je dois admettre mon erreur. Le musée manque de moyens mais sa collection déchire. Je n’imaginais pas y trouver la célébrissime mosaïque géante d’Alexandre le Grand, celle qui illustre tous nos livres d’histoire de 6e. On commence par le très érotique Cabinet Secret (évidemment…) où un Pan pas farouche agresse sexuellement une chèvre : après avoir été muré, le Cabinet Secret offre aujourd’hui une visite express dans un lupanar antique. Le Kamasutra indien à côté, c’est de la blague. On poursuit avec les mosaïques de Pompéi, dont le hilarant crâne humain que la série Rome avait adopté pour son générique (et qui est devenu instantanément notre fond d’écran d’iPhone). On achève enfin la visite sur la collection Farnèse de sculptures antiques, où Marion s’extasie sur les fesses ultra musclées d’un Hercules (ouais, genre tu photographiais les pommes des jardins des Hespérides, qu’il tenait dans son dos !).


On retourne au B&B de Rafaele avant de traverser à nouveau toute la ville (on est maso, oui, c’est officiel) à la recherche d’un coin « vert » pour déjeuner. On trouve enfin un parc, perché sur la colline qui surplombe la baie de Naples. Un peu d’oxygène, le temps de se faire agresser par des pigeons affamés et il est déjà temps de quitter Naples. Direction : Pompéi.

Tout dans Naples est épique : et même quitter la ville relève du défi. On traverse le quartier « louche » cerclant le centro storico (selon la définition même du Lonely Planet) pour arriver suintantes à Garibaldi. Il y a une foule incompréhensible dans le Circumvesuviano (tout le monde va à Pompéi ou quoi ??). Le Circumvesuviano est un genre de RER local, mais bien plus poétique (même le nom, empruntant au latin est poétique) puisqu’il effectue quotidiennement un demi cercle autour du Vésuve. Si on regarde par les fenêtres on voit continuellement le majestueux volcan qui domine le paysage. C’est le moment de flipper un coup : le Circum est coincé entre le Vésuve et la mer. En cas de Pompéi II on n’a aucune chance : Vésuve 1 – Touristes 0. Mais bon, lors de notre premier trajet en Circum (et il y en aura beaucoup), on ne se pose pas ces questions existentielles. On se demande plutôt si on pourra encore marcher normalement après avoir passé 45 minutes debout, aplaties contre une fenêtre grasse de poussière et autres-choses-dont-je-ne-veux-pas-connaître-l’origine, avec une valise entre les jambes, et plein d’italiens surexcités autour de soi. Même partir de Naples est souffrance.
Dans le Circum on rencontre aussi la jeune Napolitaine, le pendant féminin du jeune Napolitain. 1m65 pour ses 100 bons kilos, un legging (le thermomètre affiche plus de 40°, what the fuck ?) et une tunique fluo moulante, des piercings ostentatoires et une morphologie inadaptée à la tenue vestimentaire (ou vice versa). Elle hurle sur son copain maigrelet, et lui balance son portable à la tête en cas de désaccord conjugal. A ses côtés je suis un ange tout droit envoyé des cieux. Que ceux qui me jetaient la pierre, la reprennent.

L’arrivée au camping ZEUS (on ne dira rien pour le nom grec, alors que le camping se situe à 50m de l’entrée d’une ville 100% romaine) est presque orgasmique. Oxygène, chênes immenses, ciel bleu et espace vital autour de nous. Petite déception : une chambre deluxe sans pression dans la douche. Mais on ne va pas chipoter.

La journée se termine sur un diner à la terrasse vide d’un restaurant, sous les murailles entourant Pompéi. Il n’y a pas une seule âme : les touristes ne viennent que pour la journée, et nous sommes bien les seules à faire ce pèlerinage de plusieurs jours à Pompéi. Peu importe ! Je kiff déjà.



Samedi 16 juillet 2011


La nuit est terrible : on crève de chaud et on est dévorés par les moustiques. Impossible de déclencher la clim de la nuit entière, on vient donc se plaindre à la réception de bonne heure. L’italien se fout de nous ouvertement : la clim ne se déclenche pas si la fenêtre n’est pas hermétiquement fermée… Bande de rats !

Crevées, on décide de zapper Pompéi et opter pour Amalfi. Notre camping Zeus allait de toute façon nous servir de base pour le reste du séjour et la visite de la côte amalfitaine. On embarque donc à nouveau sur le Circumvesuviano puis un bus magique. Longeant la côte, ce bus découvre un à un les joyaux de la côte : des montages magnifiques, une mer limpide et brillante et des dizaines de petites maisons blanches agglutinées entre la mer et la falaise. La côte amalfitaine est vraiment une merveille d’harmonie entre l’homme et la nature.

A Amalfi on se shoote au limoncello (sous prétexte de le goûter, pour choisir le meilleur à offrir à nos ancêtres) et on flâne sur la jetée en attendant un bateau qui nous amènerait vers le deuxième joyau de la côte: Positano, traversé plus tôt en bus. On se fait draguer par une bande de fou, séduits par notre conner… euh charme naturel !
Sauvées des griffes de ce groupe des plus perturbants (j’ai la phobie des fous, et alors ?) par le cri « POSITANO », on embarque. Le petit bateau nous fait profiter de l’air marin et nous fait découvrir Positano vue d’en bas. On est toutes petites devant ces centaines de maisons en escalier qui dominent la baie. On se sent un peu Merry et Gandalf, qui découvrent Minas Tirith dans le SDA.

La ville est magique, toute en escaliers, petites échoppes, vues fantastiques et contrastes colorés (le ciel se fond avec la mer, les lilas poussent autour des maisons blanches). C’est aussi l’occasion pour moi de me racheter des Havainas, et comme un vent australien souffle tout à coup à Positano.

Le retour vers Pompéi se fait encore en bus, et le chauffeur se prend visiblement pour un conducteur de bolide. On reste debout et on s’accroche, pour éviter de passer par les fenêtres et donc accidentellement finir dans le ravin et/ou la mer, quelques 300m plus bas. Certains ont le cœur moins bien accroché que d’autres et finissent par vomir. Miam.

A 21h40 nous sommes toujours en serviettes sur le lit, à rigoler. Trop la flemme de s’habiller, trop la flemme d’aller diner. Mais notre honneur est sauf : l’apéro a été pris à 16h49 à coup de Rossini et de Lemon Fizz à Positano. Le soleil brûlant et l’alcool nous ont achevé à 17h. La vita est dolce sur la côte Almafitaine.



Dimanche 17 juillet 2011



Levées aux aurores pour visiter Pompéi, on y passe très exactement 6h et trente minutes ! En plein cagnard, avec une foule multinationale de touristes aux basques, parmi des ruines. Je n’ai définitivement pas la bonne panoplie touristique : je n’ai que mes Havainas (et je me tords les chevilles sur les pavés), je n’ai pas de couvre chef (hormis mon sarong indonésien) et au lieu de la crème solaire j’ai de l’huile bronzante. Mais qu’importe ! Pompéi restera l’un des meilleurs moments de tout le voyage.

Il y a peu de choses comparables à la découverte de Pompéi au petit matin. Il faut pouvoir gravir la colline sur laquelle s’étale la ville antique avant l’arrivée des cars de touristes. En arrivant sur le Forum encore vide de visiteurs, on est soufflé par l’immensité de la ville, dominée par le Vésuve. Il faut bien peu d’imagination pour revenir plus de deux mille ans en arrière et sentir la vie bouillonner dans la cité, avant qu’elle ne soit complètement recouverte par les cendres.

Nous arpentons les ruines, carte à la main, avant d’être rejointe par plusieurs centaines de touristes. Une visite au Lupanar s’impose, ainsi que les célébrissimes Cave Canem (je ne peux m’empêcher de penser à : « Moi en latin je ne sais dire que Cave Canem ». « Ouais… ça veut dire « attention au chien ». Allez pas lui dire ça, il va pas comprendre ») et autres Villas des Mystères. Partout des fresques, des mosaïques et une sensation d’intemporel. Le temps s’est figé dans cette cité à tout jamais.

Les chiens errants policent la ville à chaque instant. Ils nous suivent dans les moindres recoins, nous montrent le chemin dans le labyrinthe des rues. Apparemment on peut même les adopter. Après Susu le chat en Indonésie, j’adopterai bien une de ces boules de poils. Mais pas certaine qu’elle kifferait le reste du voyage à nos côtés.

En sortant de la ville antique pour visiter les terres environnantes on découvre un superbe banc en marbre. Marion m’oblige à une petite séance photo. Quelques mètres plus bas, on se fie à nos guides pour avoir des précisions sur l’endroit : « Vous remarquerez la très belle tombe de Machine, en forme d’anneau de marbre, à la sortie de la ville ». Oops… Tomb raiders malgré nous !


Il n’y a guères d’anecdotes pour ce dimanche car loin de galérer, pour une fois, nous avons pleinement profité de la journée à Pompéi. Cependant, la nuit venue, la faim nous tiraille. On essaye de s’aventurer vers la Pompéi moderne, située à quelques deux kilomètres de notre camping et du site archéologique. Les rues sont désertes et les routes fréquentées par des automobilistes aux méthodes de séduction plus que douteuses. Quelques coups de klaxons et remarques désobligeantes suffisent pour faire péter mes gonds. « Go fuck yourself ! » me semble une réponse adéquate à la situation. Malgré quelques visages surpris, la majorité des Italiens rigolent. Je ne suis qu’une pauvre petite blonde inoffensive, apparemment. La soirée se termine dans un restaurant désert, aux abords de la ville, où je déverse ma colère sur ma pauvre interlocutrice : « Non mais c’est dans leur culture… » est un argument qui ne convainc pas. Où est passé mon ténébreux florentin et ses délicieux gelati ? Où est passé le raffinement florentin ? Où est passée la gentillesse des Italiens d’Ombrie ?

Le sud de l’Italie n’est qu’un vaste cliché. Naples. Les Italiens. Leurs manières. Je hais tout ça d’un bloc et promet de ne jamais y revenir. Je suis trop caractérielle pour être prise pour un vulgaire morceau de viande sur un bas côté. Non, merci. Aurevoir.