Finalement, je n’aurais pas été piétinée à la Parade de Mardi Gras (et pourtant il y avait du potentiel vu mon ma taille réduite et la foule alcoolisée qui errait dans les rues) et j’ai tellement manqué de motivation ces derniers temps que l’on ne m’a pas beaucoup vu par ici. En mois plus précisément, shame on me.
L’heure du bilan a sonné. Nous voilà devant des choix de master, des entretiens d’orientation, des lettres de motivation et des CV à tout va. On exige de nous des rapports de séjour d’études, alors qu’un quart de l’année est encore devant nous. Et pourtant ce n’est aussi qu’une centaine de jours. Le compte à rebours est lancé.
Alors après avoir blablaté indéfiniment sur mes voyages et mes (maigres) expériences, je me suis dit qu’après tout, je pourrais parler des gens. Oui, oui on connaît le discours de 3A : des rencontres inoubliables, des moments d’exception, des instants magiques … (on dirait une mauvaise campagne de pub). La réalité est toute autre, ami voyageur, étudiant des contrées lointaines. Même à l’autre bout du monde, les gens sont des cons.
Loin de vouloir insulter les charmants Australiens. Certes, je pourrai redire sur leur style vestimentaire et sur leur culture quelque peu… éloignée des réalités internationales. Mais cela ne suffit pas pour condamner un peuple tout entier. Non les cons, aussi surprenant que c’est, ce sont les français. Même à l’autre bout du monde, on trouve le moyen d’être surpris, déçus, dégoutés par des gens. La belle expérience, les moments magiques, tout ce blabla écœurant et dégoulinant d’hypocrisie ne prend tout son sens que lorsqu’il est contrasté à la réalité.
La 3A n’est pas une ouverture. En tout cas pas à Sydney. A Sydney, la 3A est un vase clos, un cercle restreint parmi lequel les gens s’échangent comme de vulgaires objets, les amitiés se trahissent et s’oublient. On peut pleurer, s’énerver, taper du poing et hurler. Mais rien n’y fait.. On pense toujours connaître les gens jusqu’au jour où ils nous trahissent. Comme chantait Tarja Turuen :
Old loves they die hard. Old lies, they die harder.
Faisons tomber le mythe des rencontres inoubliables de la 3A. Cette année, aussi magique soit elle, n’est pas une année passée au pays des petits poneys. Comme dans chaque endroit les rivalités et les égoïsmes s'immiscent partout. Que faire ? Supporter stoïquement. Quoi qu’il en soit, je ne serai jamais une femme aigrie. Encore moins une jeune femme aigrie. Donc passons.
Hey baby, du siehst so gut aus !
Hey Babe, you look so good ! Tous les matins, on m’annonce que je suis une bonnasse (bon ok c’est la seule traduction française qu’on a trouvé avec Clément) alors que je descends dans le salon en pyjama, les cheveux en pétard et un fond de thé dans mon mug. Merci Georgie, d’avoir violé l’intégrité de notre radiateur mural en griffonnant dessus. C’est bien la seule chose que je sais dire en allemand. Mais damn, elle déchire cette phrase !
Bon avouons le, je n’ai pas grand chose à raconter. Alors à dépit d’avoir un vrai sujet, je m’en vais déverser les détails (non mélodramatiques, promis) de ma vie.
Avouons le, ma vie se résume principalement aux quatre pauvres cours que je suis fidèlement. N’empêche, je me sens hautement intelligente. Je passe avec aisance de Eltsine et ses catastrophes institutionalo-écono-alcoolique de 1993 aux détails raffinés des fresques de Giotto, ce « père de l’art moderne occidental » (dont seuls les italiens, avouons le, en parlent). Il y a d’ailleurs une magnifique petite église à Assisi (Assise en français) d’où venait ce bon vieux François, un fils à papa qui avait décidé dans un élan de stupidité de renier son héritage pour s’en aller prêcher dans la rue à des vieillards édentés. Son succès a valut à Franky de se faire enterrer dans une crypte dégoulinante d’humidité, en plein milieu de la nuit, pour échapper à une foule de fanatiques en rut, venus arracher un orteil au stigmatisé pour s’assurer une vie pleine de prospérité. Entre nous, ce comportement transpire le paganisme. Sachant que cette fiesta se déroulait dans une Italie médiévale hautement papalisée… il y a de quoi se poser des questions ! Mais Giotto donc (car Franky, on en a rien à battre. Son seul intérêt est d’être mort célèbre et d’avoir reçu en cadeau d’admission au paradis une église somptueuse où le grand maître Giotto était venu s’afficher). Si seulement c’était Giotto qui avait peint cette église. Car oui nous étudions Assisi comme exemple de l’art giottesque, alors même qu’elle n’est pas de lui. Ah les méandres des enseignements sydnéyens…
Pour me sentir plus intelligente encore, j’use les bancs d’une classe d’italien quatre heures par semaine (comme ça je sais que fresque vient de fresco, « frais » en italien. Vlan, dans les dents ! ça c’est de la culture G, mon ami). Et si le temps ne me manque pas, je fais des projets de marketing et je reçois des petites étoiles, dessinées soigneusement au marker sur mon bureau en récompense(j’aime les méthodes pédagogiques de Sydney Uni. Un délice).
By the way, l’autre jour j’ai ressorti mon fond de gel douche indonésien (pas par nostalgie je vous rassure !). Senteur : Japanese Spa. Bon quand je me douchai au fin fond de la jungle mundukienne, parmi les fourmis et les araignées géantes, je me sentais bien éloignée de l’ambiance spa. J’ai porté cette senteur telle une fragrance (ouais en fait, je lavais mes fringues avec mon gel douche, à défaut d’avoir de la lessive, qu’on avait paumé au détour d’un bemo) pendant un mois entier. Que de souvenirs !
Enfin, je vous laisse là. Je m’en vais sucer des zubaduba (en réalité ce sont des zuper-duba, mais c’est tellement plus cool de dire ZUBADUBA !!), soit des mister freeze locaux, avec Miss Georgina Smith, l’incroyable trublion qui vit avec moi et que j’adore déjà.
Cadeau, une photo de mon salon et de ma chambre!
Cadeau bis, un extrait des Autumn Monologues de From Autumn to Ashes. On avait fait un jeu une fois, en citant toutes les chansons qui illustraient nos vies. En voilà un de plus:
"Here I'm pinned between darkness and light
Bleached and blinded by these nights
Where I'm tossing and tortured 'til dawn
By you, visions of you then you're gone.
The shock bleeds the red from my face
When I hear someone's taken my place"